Dans leurs rêves les plus épanouis, nos adversaires étoilés n’auraient jamais espéré un tel dénouement. Un tel score ça n’arrive pas aux leaders, du moins en Tunisie. Une défaite lourde, aussi, de conséquences. Certes, nous avions été battus à plate couture, encore une fois en encaissant cinq buts, c’est même la seconde fois que ça arrive en moins d’une saison. Mais là, il n’y avait pas Kokou. Il n’y avait que nous pour nous fourrer un doigt dans l’œil. Nous aurons passé toute la nuit de dimanche à lundi en essayant de creuser nos méninges pour trouver un début d’alibi à cette déconvenue, mais il n’y avait que des larmes et des regrets. Nous avons essayé d’expliquer, avec raison, les causes de cette chute et nous sommes arrivés à inculper, presque, tout le monde. Presque, parce que les vraies victimes de dimanche dernier étaient l’Espérance et son public. Notre club fut poignardé à plusieurs reprises au point que des adversaires de calibre moyen arrivent à nous laminer de la sorte.
Les choix de Maâloul
Afful devait débuter en arrière droit, Bouazzi ou Msakni en excentré droit. C’est ce que les entrainements ont laissé entrevoir. Mais sur la feuille de match, c’était Ben Amor l’arrière droit. Lui qui a passé la semaine à préparer son match… sur le banc. Il a été jeté dans la gueule du loup sans y être prévenu ou soutenu. Et même si Afful était hors du coup. On ne peut reprocher au Ghanéen sa baisse de forme, lui qui revient de blessure et de trois semaines d’inactivité, sauf qu’il devient légitime de se poser des questions sur son incorporation en tant que titulaire. Et ça sera pareil pour Ben Mansour qui a failli, lui aussi, à cause de son manque de compétition. Lui qui fut préféré à Bachtobji et à Banana. Mais pas seulement le choix des joueurs qui faisait défaut, il y a le module de jeu aussi qui laissait à désirer. Cette obsession à enrôler Darragi en «playmaker» classique et ce choix de faire jouer les quatre joueurs du milieu alignés ont été deux coups de massue pour l’ensemble Sang et Or. Surtout qu’en face, l’adversaire avait des joueurs techniquement habiles, à l’image de ce diable de Daniello ou encore du vieux Chadly, capables chacun d’effacer le quatuor espérantiste – Darragi, Afful, Korbi et Traoui – d’un coup de patte. À vrai dire, Maâloul leur a rendu la tâche facile.
Le coup de poignard de Darragi
Les grands joueurs sont ceux qui deviennent décisifs dans les moments difficiles. Ceux qui créent l’évènement du néant. Ceux qui carburent quand l’équipe cale. Mais notre capitaine a choisi de briller à sa manière. Ou, plutôt, à la manière des boxeurs. Un coup de poing à un mètre de l’arbitre est du domaine suicidaire à notre sens. Darragi a, délibérément, choisi de commettre l’irréparable et de mettre ses coéquipiers, déjà malmenés, en infériorité numérique pour plus d’une heure. Le résultat, on le connait tous.
La énième bêtise de Naouara
Santos, à 20 mètres du but, lève la tête et lobe le gardien espérantiste. En l’écoutant à la radio, on dirait que le vieux briscard a réalisé une prouesse technique. Mais en la regardant à la télé, on aurait tendance à dire que le portier de l’Espérance était très mal placé. Surtout Naouara, qui n’est pas à sa première grossièreté. Et on a tous en mémoire ses déboires à Lubumbashi. Et le comble, c’est que son excellence jette les gants à quelques encablures de la fin de la rencontre, juste après avoir encaissé un cinquième but. Dépité ? On l’aurait compris, si notre Buffon national avait sorti un grand match. Mais, lui, il a été moins qu’ordinaire pour plaindre ses coéquipiers. Encore un écart de discipline qui ronge le groupe.
Besoin de renforts ?
Ô que oui ! L’Espérance d’aujourd’hui ne peut aller très loin, même en championnat. Pas parce qu’elle manque de talents, mais parce qu’elle manque de volonté. Le groupe Sang et Or manque de discipline. En témoigne le nombre d’écarts de conduite enregistré depuis l’éviction de… Benzarti. À vrai dire, sous son règne, il y avait quelques petits dérapages, mais rien de grave. Mais voilà que les choses empirent depuis. Alors, quels renforts faut-il ? Meddeb doit forcément revoir sa copie sur le volet disciplinaire. Et s’il s’estime incapable, faute de temps, de faire régner l’ordre dans l’écurie, il est dans l’obligation de recourir à un nouveau chef de section football capable de tenir le groupe d’une main de fer pour ne plus revoir ce qu’on a vu dimanche dernier ou les matches d’avant, surtout contre l’Avenir Sportif de Gabes (ASG).
Quels enseignements à tirer ?
À vrai dire, la leçon a été certes amère, mais elle demeure bonne à prendre. Permettra-t-elle à certaines stars de remettre les pieds sur terre ? Car les Darragi, Msakni, Korbi ou Chammam ont pris des envols à fausse destination et cela commence à pénaliser le groupe. Les rares satisfactions sont, quand même, le jeune Ben Hammouda qui promet énormément, le retour de Boughanmi à de meilleures sensations – même s’il manque de rythme – et les quelques actions où l’équipe a joué simple, à une touche de balle. Tout le reste est à revoir.
Iheb ben Salem