Décidément, l’Espérance Sportive de Tunis (EST) est systématiquement prise à partie par ses adversaires, là où elle passe, à tort et à travers, avant et après les matchs qu’elle joue. Cela est devenu une habitude qui ressemble, comme deux gouttes d’eau, à une comédie relayée par différents responsables pour des raisons qui commencent à être criardes, tellement elles se répètent à la façon du « copier-coller ».
Après le match de coupe face à l’Union sportive Monastirienne (USMo) et les incidents du cours et de l’après-rencontre vécus par les Sang et Or, voilà que celui de la 21è journée de championnat de Ligue 1, ayant opposé l’Espoir Sportif de Hammam Sousse (ESHS) à l’Espérance u stade Bouali Lahouar, a ramené le même scénario de contestations, d’arrêts de jeu, d’expulsions et de tout un cirque rocambolesque. Cela a même commencé bien avant le match. Une mise en scène théâtrale digne des plus grands shows de Broadway. En voici un récit chronologique assorti de nos commentaires :
Acte 1 – L’homme en noir, d’emblée, contesté :
La désignation de Youssef Srairi pour ce match n’est pas passée inaperçue du côté de la banlieue de Sousse. Sami Gandouz, président héritier de l’ESHS, n’y est pas allé par quatre chemins. Il a récusé l’arbitre d’office sous prétexte de son appartenance à la ligue de Tunis – Cap Bon. Ceci représente, déjà, un premier remake de la rencontre de Monastir où W. Ben Salah, arbitre contesté avant et surtout après la rencontre, a été crédité d’une bonne note par ses employeurs. Une allégation qui met en doute, directement, le referee et la DNA, tout en jetant un discrédit sur l’Espérance, le tout renforcé par une insistance, vilaine et malhonnête, du journaliste de la Télévision Nationale 2 (TN2) à en remettre des couches de discrédit, en reposant la même question à plusieurs reprises au fameux Gandouz. Le fondement ? Il n’y en a pas. Mais seulement, le président de l’ESHS, fan et supporter d’un autre club phare du Sahel pour lequel il ne cache pas ses penchants, voulait mettre un peu de pression sur les visés dans l’optique de frapper, d’une pierre, deux grands coups. Sortir son équipe, qui végète au fond du classement, indemne de sa confrontation avec le leader et rendre service à son club de cœur. Et l’éthique sportive dans tout ça ? Il s’en fout royalement. Sami Gandouz, en fin roublard, profitant de l’épisode monastirien, voulait battre le fer tant qu’il était chaud.
Acte 2 – Quand on rate un pénalty – 1er épisode :
Devancée par un petit but dès la 7′, l’ESHS avait l’occasion de revenir au score, sur pénalty, 3 minutes après avoir encaissé le coup de Darragi. Mais Saber Ben Fredj, le vétéran de l’équipe, rate son tir. La rencontre qui s’acheminait vers sa fin, ne prédisait pas un dénouement aussi théatral, quand à 10 minutes de la fin du match, et sur une sortie de touche anodine, le banc Jaune et Noir se soulève contre l’arbitre. Pour quel motif ? Personne ne le sait. Même pas les joueurs révoltés. Emmenés dans la défaillance par un président sans scrupules, ils encaissent la sanction: deux joueurs du club Hammam-soussien expulsés pour propos grossiers envers l’arbitre. Gandouz, dans tous ses états, crie au scandale. Sa cervelle ne peut pas admettre qu’un joueur soit expulsé pour propos injurieux. On dirait que, pour lui, ça fait partie du paysage footballistique.
Acte 3 – À chaud, Gandouz tire sur tout ce qui bouge :
Sur un ton triste et révolté, Gandouz tente de jouer aux victimes. Il accuse directement l’arbitre. Lui qui a récusé d’avance la désignation de Sraïri essaye maladroitement de se justifier. Mais aussi et indirectement, il met en cause l’Espérance dont les joueurs , selon lui, n’ont pas été sanctionnés pour propos grossiers. Des allégations relayées par Nessma TV à travers un montage vicieux orchestré lors de l’émission Ness Sport, avec une qualité audio, visiblement et intentionnellement, détériorée où l’on montre l’arbitre du match sommant Darragi à donner l’exemple. Qu’a-t-il dit le capitaine Sang et Or. Allez chercher! Le président, déçu de ne pas avoir pu rendre service à son club de cœur (et non pas à l’ESHS), s’est métamorphosé en éducateur, donneur de leçons. Sa tentative d’agression sur l’arbitre peut-elle l’habiliter à prêcher le civisme et le fairplay ? Et dire que toute cette scène s’est passée sous le regard complaisant de l’homme fort de la FTF, Hédi Lahouar, présent dans les tribunes aux côtés de son élève de toujours, le même Gandouz. Evidemment que, comme à l’accoutumée, le tout passera dans l’impunité la plus totale … le ridicule ne tuant pas.
Acte 4 – Quand on rate un pénalty – épisode 2 :
Pour les sanctions et la comparution devant le conseil de discipline, Gandouz n’y va pas de main morte. Saber ben Fredj, coupable d’avoir provoqué le pénalty espérantiste et d’avoir raté celui accordé à son équipe, voit son contrat résilié « à l’amiable ». Les deux joueurs expulsés sont traduits devant le conseil de discipline. Tout cela parait beau en théorie. Mais, tenant compte des circonstances de la compétition et de la situation de son club, l’on est en droit de se poser des questions sur le timing de telles décisions, ou du moins la première. Sachant que l’équipe prépare un derby très important qui peut être sa dernière chance pour sauver sa peau en Ligue 1, quelle est l’opportunité de la résiliation du contrat de Saber Ben Fredj ? Son vétéran l’aurait-il trahi ? Le président de l’ESHS aurait-il agi pour éviter les remontrances de ses voisins qu’il sert corps et âme ? En tous cas, tout plaide en faveur de cette hypothèse. Même les déclarations de Gandouz, à froid, le lendemain de la rencontre, aussi sensées puissent-elles paraitre, elles figurent quand bien même dans le dernier acte d’une comédie très mal interprétée par un président qui se cherche entre deux clubs et qui malheureusement ne sert ni l’un ni l’autre.
Iheb Ben Salem