A l’Espérance, une magie unique opère. Une magie qui fait que ce club ait une âme de conquérant, un esprit de la gagne qui, au grand désarroi de ses concurrents, s’empare de quiconque endosse le maillot Sang et Or qu’il soit enfant du club ou nouvelle recrue. L’histoire de la légende espérantiste est riche en épopées le plus souvent victorieuses et sporadiquement infructueuses. L’Espérance a toujours bâti ses succès en scrutant à la loupe les raisons de ses rares échecs et en en tirant les conclusions édifiantes pour rebondir. Et justement l’Espérance est en ces temps même à l’orée d’une nouvelle phase critique de la CAF champions League 2011 après avoir été douloureusement privée de triomphe lors de l’édition précédente.
Cette version 2011 s’annonce prometteuse, c’est incontestable. L’Espérance est en demi-finale et les prétendants restants en course semblent (et nous insistons bien sur le verbe SEMBLENT) à sa portée. Mais l’information cruciale à notre humble avis est que l’Esperance n’est qu’en demi-finale et n’a pas encore joué. On a beau vanter la prestation des nôtres au Caire, on a beau se dire qu’on a triomphé du groupe de la mort, mais tout cela équivaut au néant dans ce que retient l’histoire de cette reine des compétitions africaines. L’euphorie est parfois acceptable en cours de route, mais elle ne devient légitime qu’en fin de parcours.
Lors de l’édition précédente et après l’élimination de l’ogre égyptien en demi-finale à Rades, on a tous assisté (plus ou moins complaisants) à des scènes de liesses absurdes que cela soit côté joueurs ou public. Les manifestations de joies n’auguraient rien de bon pour le mental du groupe tellement elles étaient disproportionnées pour une simple quatrième qualification en finale de l’histoire du club. Nos médias n’ont pas hésité à verser leur eau dans le moulin des supporters euphoriques créant par la même une atmosphère d’attente de victoire au lieu d’une atmosphère d’attente de la performance. On s’était référé à nos deux prestations face aux congolais lors de la phase des groupes et inconsciemment, on a tous participé à un brin d’excès de confiance dans l’entourage du club. Et dans ce genre de compétition ce brin d’excès est souvent fatal.
Avant les prochaines demi-finales, on se doit de tirer les leçons qui s’imposent. Ceux qui parlent déjà de la faiblesse d’Al Hilal nous lèsent, ceux qui parlent déjà de la finale retour à Tunis nous lèsent et ceux qui pensent que la tâche de l’Espérance est du domaine de l’usuel ne comprennent rien au foot. Nous avons une bonne équipe, même très bonne parfois, nous avons nos chances pour remporter cette coupe tout comme les trois autres prétendants, mais pour effectivement la remporter, il nous faut nous distinguer par une volonté de fer, une concentration inébranlable et surtout une humilité à toute épreuve.
Nous lançons avec ces quelques lignes un cri du cœur à l’ensemble de nos joueurs, Staff et bureau directeur: Réveillez-vous, réveillez-vous et gardez toujours les pieds sur terre. En terme de réalisations dans la Champions League Africaine, vous êtes encore au point zéro. Vous avez certes tous les atouts pour triompher, mais encore vous faut-il suer sang et larmes pour arracher la consécration. Faites abstraction de tout ce qui peux vous déconcentrer, faites abstraction de l’euphorie de votre public, faites abstraction des bobards des médias et concentrez-vous à fond, bossez comme des forcenés, vous n’êtes qu’en demi-finale et des clubs prestigieux vous concurrencent.
Sachez enfin ce qui suit : c’est seulement quand vous vous donnerez à fond pour votre équipe, quand vous serez sur le qui-vive durant chacune des secondes de chaque match, quand vous êtes humbles et volontaires, c’est seulement quand vous êtes ainsi que vous êtes irrésistibles, imbattables même. Vous avez rendez-vous avec l’histoire de la légende Sang et Or durant les deux prochains mois et seule votre attitude déterminera le résultat de votre parcours, faites honneur à votre club, rendez-nous fiers de vous et on vous portera dans nos cœurs à jamais.