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Roger : " Je suis prêt à rester si l'on veut de moi"

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Nous vous livrons ci-dessous la deuxième partie de l’interview réalisée samedi dernier avec le Camerounais Roger Toindouba. Il y revient sur l’ensemble de sa carrière, ses relations avec Faouzi Benzarti et Nabil Maaloul, son état d’esprit face à sa situation de remplaçant et plusieurs détails de sa vie en Sang et Or. Nous profitons d’ailleurs de cet interview pour présenter nos sincères félicitations à Roger, suite à la naissance de sa fille qu’il a nommée « Liayali » ; nos meilleurs voeux de bonheur au jeune papa.

Esperance-de-tunis.net : Pouvez-vous relater aux lecteurs vos premiers pas dans le monde du football ? 

R.Toindouba : J’ai intégré le centre de formation du F.C. Sahel (Cameroun), où mon père occupe le poste de directeur technique, et je me suis imposé dans l’équipe type dès mon deuxième match lors du tournoi inter-poules, au bout duquel nous avons pu accéder à la première division camerounaise. Dès lors, j’ai pu enchainer les matchs dans une ligue d’un meilleur niveau.

Vint alors l’an 2007, au cours duquel tout s’est enchainé pour vous …

Oui, cela a commencé avec un transfert vers le Coton Sport Garoua. Puis, une convocation à la sélection olympique du Cameroun, avec laquelle j’ai remporté la médaille d’or lors des jeux africains. D’ailleurs, j’ai même été élu meilleur joueur du tournoi, avec cerise sur le gâteau, 3 buts à mon actif.

On sait que vous êtes un joueur polyvalent. Dans quels postes pouvez-vous évoluer ? 

Je peux occuper toutes les positions au milieu de terrain (dans l’axe ou sur les côtés) et je pourrais même jouer dans l’axe de la défense, si le besoin se fait sentir.

Et quel est votre poste de prédilection ? 

Pivot : récupérateur/relanceur. Je préfère partir lancé de derrière, puisqu’il est très difficile de stopper un joueur dans ce genre de situation.

Quelles sont les qualités requises pour jouer à ce poste ?

La prise et traitement rapide de l’information, une bonne lecture du jeu, une technique respectable, le tout renforcé par une bonne qualité de passe.

Comment s’est fait votre passage à Al Ahly de Tripoli (Libye) ?

Ce fut grâce à l’entraineur de l’équipe libyenne (et recruteur du Dynamo de Kiev en même temps), qui voulait que je passe par un club plus structuré que le Coton Sport avant de rallier le championnat ukrainien. Malheureusement pour lui, il a été remercié après 6 journées, mais cela ne m’a pas empêché de continuer le parcours avec Al Ahly, quand bien même ses dirigeants ont refusé que je parte au Dynamo de Kiev.

Regrettez-vous cette expérience sportive ?

Non, pas du tout ! Au vu de la réaction positive des Libyens que je rencontre, il me semble que j’ai laissé de bonnes impressions à Tripoli.

Quelles ont été les péripéties derrière de votre arrivée à l’Espérance ?

L’offre de l’Espérance est venue au bon moment, vu les problèmes qu’il y avait dans la direction du club libyen, et j’ai sauté sur l’occasion, surtout que je savais que Faouzi Benzarti, qui a été sélectionneur de l’équipe nationale libyenne avant de revenir au club Sang et Or, avait insisté pour me recruter. C’est d’ailleurs lui qui m’avait même convaincu du challenge sportif que présentait ce transfert.

Comment s’est passée votre intégration ?

L’accueil fut excellent ! Michael Eneramo était là et surtout Syam Ben Youssef m’a beaucoup aidé. À mon arrivée, la majorité des joueurs étaient partis disputer la Coup d’Afrique des nations (CAN). Après leur retour, tout s’est bien passé et lors du premier match (Ndlr : contre le CSS en coupe [1-2]), tout s’est bien passé et mon entrée en jeu fut satisfaisante.

Tout allait bien, donc, jusqu’au fameux match contre Al Merrikh (Soudan). Que s’est-il passé au juste ?

Il ne s’est rien passé de particulier. Mais en tant que compétiteur, je n’ai pas compris pourquoi j’étais devenu remplaçant du jour au lendemain, sans explication ni critique envers mes précédentes prestations. J’avais alors quitté le stade très tôt pour essayer de créer un peu le vide et rester dans mon coin, le temps que je me calme et que je me remette en question.

Donc, il n’y eu aucun « clash » entre vous et Benzarti …

Non, pas du tout ! Le coach m’avait expliqué, plus tard, qu’il avait confiance en mes capacités et qu’il comptait sur moi. D’ailleurs, il m’avait titularisé lors de la rencontre retour contre le même adversaire à Omdurman.

La concurrence avec Majdi Traoui s’est manifestée au début de la phase des poules de la Ligue des Champions : comment la vivez-vous ?

Je suis arrivé en retard lors de la reprise de la nouvelle saison, dû à quelques problèmes familiaux et j’en avais avisé tout le staff, qui était donc au courant de la difficulté de la période en question. Du coup, j’avais raté le début de la préparation, alors je pense que les choix du coach étaient justifiés. Ensuite, dès que j’étais en possession de tous mes moyens, j’étais titularisé contre le T.P. Mazembe à Radès (3-0), mais depuis il ne m’a pas beaucoup utilisé.

Il faut dire que le milieu espérantiste est occupé par des joueurs internationaux. Estimez-vous, malgré tout, avoir une place parmi les titulaires ?

Si on m’explique que je n’ai pas le niveau ou que je dois fournir plus d’efforts à l’entrainement, je serai compréhensif, mais il n’en est rien. Ensuite, au vu de mes performances et de mes statistiques, préparées par le soin de mes frères, je pense que je peux aspirer à une place de titulaire.

Beaucoup de supporters s’interrogent sur votre état d’esprit : comment vous sentez-vous à l’heure actuelle ?

Franchement, pas bien ! 

Est-ce dû au fait que vous ne jouez pas beaucoup ou à d’autres facteurs ?

Je pense que la manière dont on me traite avec n’est plus la même et ce, depuis mon retour tardif des vacances, qui ont coïncidé avec le début de la révolution en Tunisie.

Par deux fois, vous avez été expulsé des entrainements pour jeu agressif, la première avec Faouzi Benzarti et cette semaine avec Nabil Maâloul. Comment expliquez-vous cela ?

Il ne faut pas focaliser sur cela, ce sont des situations qui arrivent et je respecte la décision des entraineurs. Je joue avec beaucoup d’engagement et je ne peux pas le changer, mais il ne faut pas trop s’y attarder, car rien n’était prémédité. [/COLOR]

On annonce l’arrivée simultanée de Coulibaly et d’un attaquant étranger et, donc, l’éventualité de votre départ. Cela vous dérange-t-il un peu ?

Non. Quand on voit qu’un joueur comme Diarra est annoncé partant du Real Madrid, malgré tout le talent qu’il possède, on peut comprendre que le fait de retrouver sur la liste des départs n’implique pas pour autant que vous n’êtes pas un bon joueur. Ce sont juste les aléas du football.

On sent qu’en cas de départ, il y aura un certain goût d’inachevé. Êtes-vous tenté de continuer l’aventure ?

Oui, absolument ! Je suis venu à l’EST pour m’améliorer et gagner des titres. J’ai déjà goûté au titre de champion de Tunisie et j’aimerais remporter la Ligue des Champions, un titre très important en Afrique, et je pense que nos chances d’arriver au sacre final sont réelles cette année.
Donc, si l’on me demande de rester, je serai déterminé à aller jusqu’au bout de l’aventure.

On parle d’offres émanant de plusieurs clubs européens, du championnat turc entre autres. Qu’en est-il vraiment ?

Pour le moment, il n’y a rien de concret. Les contacts existent certes, mais c’est mon agent qui s’en occupe et je n’interviendrai qu’en cas d’offre officielle, pour ne pas me déconcentrer et rester ainsi focalisé sur mon travail.

J’espère que les dirigeants de l’Espérance seront compréhensifs et me laisseront continuer ma progression ailleurs, le cas échéant. J’ai déjà fait une bonne étape en ayant intégré le club Sang et Or, qui me faisait rêver en étant petit. D’ailleurs, je remercie Dieu tous les jours pour la chance que j’ai d’évoluer dans cette équipe et je ferai tout pour laisser une bonne impression auprès des supporters espérantistes, parce que j’aime le travail bien fait. Martin Luther King disait : « Celui qui est appelé à être balayeur de rues doit balayer les rues si parfaitement, que les hôtes des cieux et de la terre s’arrêteront pour dire : « Ici vécut un grand balayeur de rues qui fit bien son travail. »

L’expérience mitigée d’Eneramo en Turquie ne vous laisse pas perplexe quant à un éventuel départ vers la Süper Lig ?

Il est vrai que lors de son bref passage à Tunis, Michael m’a parlé de la difficulté de s’imposer à l’étranger et de la multiplication des efforts durant les entrainements pour viser une place de titulaire. Mais pour revenir à votre question, cela n’est pas de nature à me décourager de tenter ma chance.

Les supporters Sang et Or craignent de vous voir chez un concurrent, si jamais vous quittez l’Espérance à la fin de votre contrat. Serait-ce possible ?

Non ! Je suis dans un grand club, le double champion en titre et si je quitte l’Espérance, ce sera pour un club qui me permettra de progresser. Rejoindre une autre équipe tunisienne, cela équivaut à un pas en arrière dans ma carrière.

Roger et la sélection camerounaise, qu’en est-il au juste ?

Pour le moment ça se limite à la sélection olympique. Maintenant, il y a une rude concurrence avec les Seniors, avec la présence de M’bia, Chedjou, A. Song et d’autres très bons joueurs.

Roger et la révolution tunisienne, comment l’aviez-vous vécue ?

Dans mon quartier, c’était plutôt tranquille et les voisins étaient très sympathiques avec moi et me rassuraient, mais c’est vrai, qu’en regardant la télévision, on pouvait mesurer l’intensité des évènements.

Et quelle est votre équipe préférée en Europe ?

Vous n’allez pas y croire (rires), mais je suis supporter des Girondins de Bordeaux (France).

Le mot de la fin pour les internautes Sang et Or ?

Je ne peux qu’être désolé pour eux à cause de la décision du huis clos. Nous, joueurs, savons de quoi ils sont capables et comment ils ont été déterminants dans notre parcours lors de la Ligue des Champions et j’espère qu’ils continueront à nous encourager pour atteindre nos objectifs, parce que le public de l’Espérance représente un acteur principal dans la vie du club.

La rédaction de l’Esperance-de-Tunis.net
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