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Révolution, football et Espérance

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La révolution, le foot et l'Espérance Les supporters du doyen des clubs tunisiens continuent à vivre comme tout citoyen ces moments historiques que traverse notre pays. Une bouffée d’air frais qui souffle sur la Tunisie en dépit des incidents déplorables qui sont survenus depuis la fuite du président déchu.

Alors que le peuple vivait depuis deux décennies sous un régime assez rigide, où les libertés furent emprisonnées et les pensées opprimées, rien ou presque ne laissait croire à un tel revirement de situation.

Cependant, je dois avouer que les étincelles de la révolte (ô qu’on est loin de la révolution) sont apparues dans les stades. Le combat pour la dignité et la liberté, la lutte contre la répression : les supporters espérantistes n’ont cessé de les mener : entre les chants et les altercations … la manifestation du ras le bol était le moins que l’on puisse dire très remarquable.

Toutefois, les médias n’ont pas trouvé mieux que camoufler les problèmes et les causes réelles de ces incidents en faisant croire à l’opinion publique que les supporters Sang et Or étaient des fauteurs de troubles (même si j’avoue que ce ne sont pas tous des anges) .

Tout espérantiste qui se respecte peut se remémorer deux récents événements capitaux pour appuyer ce qui précède, deux dates qui ne quitteront pas ma mémoire de sitôt :

La première est un certain 8 Avril 2010, le jour où des affrontements très violents ont eu lieu entre supporters et policiers entrainant quelques décès (les chiffres, on n’en avait pas), une centaine de blessés et autant d’arrestations. Des coups de matraques aux bombes lacrymogènes en passant par les jets de sièges et cailloux : on en a vu de toutes les couleurs ce soir là, même l’éclairage n’y a pas échappé pour laisser une trentaine de milliers de supporters dans l’obscurité et pourtant, seuls nos excellents journalistes n’avaient rien compris au manège … alors que la fédération avait jugé bon de nous infliger de lourdes sanctions financières et des huis clos … encore et toujours !

Ensuite, vint le jour où cette colère a explosé dans un autre pays, dont le peuple souffrait aussi d’une forte répression : l’Egypte.

C’est ainsi que le 3 Octobre 2010, des altercations se sont enclenchées dans les travées du stade du Caire. Les acteurs : des supporters espérantistes opposés à la police locale .Encore une fois, les coups de matraque ont été de la fête et une dizaine de fans ont été passés à tabac avant qu’ils ne soient mis en détention durant plusieurs jours. Le président déchu avait, alors, sauté sur l’occasion pour tenter de reconquérir le cœur des espérantistes choqués par la violence subie par ceux qui ont fait le déplacement au Caire pour soutenir leur équipe. Ils étaient plusieurs milliers à vivre un cauchemar. Les Sang et Or ont oublié le résultat du match et ne demandaient que des nouvelles de ceux qui allaient bénéficier d’une « intervention » présidentielle.

Mais ce qui marquât le plus ces incidents, ce fut le moment où les supporters ont chanté l’hymne national. Ces tunisiens qui ont vu la mort, dans un pays étranger et se sont sentis seuls et abandonnés ont de manière spontanée entonner notre cher hymne ! Un signe fort, un moment extraordinaire et des émotions indescriptibles pour tout patriote.

Et pendant ce temps là, les chroniqueurs des émissions sportives n’y sont pas allés de main morte envers nos braves supporters. Certains ont même osé les traiter de voyous sous l’emprise de l’alcool.

Mais le peuple n’est pas dupe… les dirigeants espérantistes sont, à leur tour, loin de l’être. Mais que pouvaient-ils faire si ce n’est une banderole de remerciement à l’honneur du dictateur pour éviter tout éventuel blâme ?

D’ailleurs, le grand public semble avoir oublié un épisode assez important qui s’est déroulé en 2009, la saison au cours de laquelle l’EST fêtait ses 90ans .C’était avant le match qui a vu notre équipe remporter l’Arab Champions League .Les joueurs ont endossé un maillot portant la photo de leur président et les supporters ont déployé une banderole frappée d’un message : « Hamdi Meddeb le présent et le futur : 100% Espérantiste » comme signe de soutien et de reconnaissance à celui qui s’est tant sacrifié pour maintenir le club dans son statut de leader . Cependant, ce petit clin d’œil n’avait pas plu aux autorités qui voyaient la popularité de ce dirigeant monter en flèche… S’en suivait alors une période de reproches et de réprimandes qui l’avait empêché d’assister au sacre des handballeurs .Un énième titre.

L’Espérance est bien sûr l’équipe la plus populaire du pays , n’en déplaise aux adeptes de la propagande ( Razi ! Borhen Bsaiess ! …) Alors il ne fallait pas taper très fort mais il ne fallait surtout pas laisser ce club rafler tous les titres. Et c’est ainsi que la coupe lui fut volée par un trio arbitral grec ( !) en demi-finale de la coupe de Tunisie (ou du président de la République selon les tendances) l’empêchant ainsi de remporter le quadruplé. Tous les haineux pouvaient ainsi respirer de nouveau, l’EST a perdu un titre …

Evidemment les autres équipes avaient aussi leurs problèmes (pas les mêmes, bien sûr) et leurs supporters aussi. Les incidents de Bizerte après le match opposant l’équipe locale au club africain étaient ainsi d’une violence extrême, les locaux tentaient d’exprimer leur ras le bol eux aussi. Mais comme d’habitude, la responsabilité fut rejetée sur le manque de fair-play des supporters …

On ne va quand même pas jusqu’à encourager la violence car ne l’oublions pas il y a eu des morts, des blessés graves, des jeunes envoyés en prison et des parents morts d’inquiétude chaque jour de match…

Dans un tout autre cas de figure, il y avait même des clubs qui vivaient dans un cadre social délicat comme l’EGS Gafsa. Les enjeux dans la région étant trop importants, beaucoup d’excès ont été permis. Mais du moment qu’on ne voyait de Gafsa qu’une belle pelouse, des projectiles jetés à tout va et une équipe oscillant entre le maintien et le milieu de tableau et qui faisait vivre un « enfer » aux cadors du championnat, tout allait bien. Une belle histoire….

Le football était donc l’un des jouets préférés de Carthage.. quelques décisions arbitrales.. un titre par ci , une ascension par là .. des débats sur les fumigènes et les huis clos à longueur de journée et le simple tunisien était pris par la spirale. La répression se limitait du coup à l’interdiction de la « dakhla » et du port d’un cache col avec tel ou tel emblème.

Le tyran parti, les libertés retrouvées ou plutôt découvertes.. les agissements, les altercations et autres débordements n’ont plus lieu d’exister dans nos stades… Aujourd’hui plus que jamais les supporters devront assumer leurs responsabilités et montrer aux observateurs que le football peut être vécu dans le respect. Le respect des institutions que sont nos clubs, des enceintes sportives qui sont des propriétés publiques et surtout le respect des dignes que sont les martyres de la révolution, j’ose croire que ce ne fut pas leur priorité mais au moins tachons de les honorer en faisant preuve d’un peu de civisme et ce à commencer par les jours de matchs .

Les supporters de l’Espérance doivent, en ce sens, servir d’exemples en se montrant irréprochables. Les jeunes viragistes devraient être encadrés par les plus vieux, ceux qui avaient été
les premiers dans le monde arabe à avoir instauré une réelle organisation dans cette zone des gradins connue pour son originalité parfois même son insouciance partout dans le monde (sous différentes appellations : curva, virage, kop).
La responsabilité est donc énorme et les enjeux le sont encore plus. Il y va de l’intérêt de notre club de cœur l’Espérance Sportive de Tunis, sous peine de l’exposer aux différentes sanctions financières ou encore aux huis-clos à répétition.

Chers compatriotes, soyons à la hauteur de notre légende.
Taraji ya dawla !

Houssem Roudesly

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