L’Espérance trébuche encore une fois
Que dire après cette contre-performance à domicile? Quelles explications peut-on donner à cette prestation, très en deçà des attentes du public espérantiste? Les Sang et Or viennent encore une fois de laisser filer deux autres points précieux, cette fois à Tunis même, face à un sérieux prétendant, certes, mais qui a dû son salut qu’à Lamyaghri et … la baraka, ne réussissant que trop peu à porter le danger dans le camp espérantiste.
Après avoir concédé un stupide match nul à Casa face à ce même Wydad Athletic Club (WAC), l’Espérance Sportive de Tunis (EST) n’a pas pu, samedi, profiter de l’avantage du terrain et de l’apport des 15000 supporters autorisés pour assister à la rencontre, pour en découdre avec une équipe marocaine, pourtant largement à la portée des coéquipiers du revenant Msakni.
Les raisons de ce nouveau faux-pas sont certainement à chercher du côté de Darragi, et Mouelhi, auteurs d’un match à oublier, voire à un degré moindre de Msakni, peu convaincant, mais aussi et surtout du coach Nabil Maâloul, dont la lecture et gestion du match, encore une fois, reste questionnable, après la 4è journée de cette Orange CAF Champions League (CAF CL) 2011.
Le petit match des ténors
Nous avions analysé, à l’entame de cette campagne africaine, les moyens de l’Espérance à aller au bout de ses intentions du point de vue effectif, notant la dépendance de l’équipe vis à vis du duo Darragi-Msakni. Et nous avions même souligné les conséquences néfastes dont peut souffrir l’équipe, lorsque ses deux ténors se trouvent dans une petite forme, ensemble et lors d’un même match. Cela s’est malheureusement vérifié au soir du 27 août, où l’Espérance n’a pu déverrouiller la défense regroupée d’un WAC, plutôt soucieux de ne pas perdre. Et si l’on ajoute à cette méforme conjuguée des deux pièces maitresses, la prestation stérile d’un Mouelhi sensé apporter une touche de créativité à un entrejeu pénalisé par l’absence de l’homme fort de cette fin de saison, en l’occurrence Traoui, l’on est en droit de se poser des questions sur les chances de l’Espérance à jouer les premiers rôles dans cette compétition, qui nécessite, avant tout, un effectif autrement plus complémentaire et plus incisif.
Nous avons assisté à une parodie de football durant laquelle les cinq joueurs composant le milieu espérantiste ont brillé par un manque de rythme, une absence d’imagination et surtout un manque de caractère sidérant. Tout semblait loin du cadre d’une CAF CL, où seuls les grands joueurs portent leur équipe au sommet des compétitions.
Maâloul doit réviser ses choix
Nous disons cela car nous pensons, sincèrement, que les jeux sont loin d’être faits dans ce groupe B. L’Espérance a certes perdu des points au terme de ces 4 journées, mais ses chances restent toujours intactes et même réelles à deux journées de la fin de la phase des groupes. En effet, un capital de 10 points (l’EST en compte déjà 6) peut suffire au bonheur des Sang et Or pour se retrouver en demi-finales. Cela veut dire que la bande à Maâloul doit battre le Mouldia Club d’Alger (MCA) dans moins de deux semaines à Tunis, puis arracher un match nul au Caire face à Al Ahly, et ce, quel que soit le résultat de la prochaine confrontation entre Marocains et Égyptiens à Casablanca. L’Espérance s’assurera ainsi, au moins, de la 2è place.
Pour ce faire, Maâloul devra sermonner ses joueurs, afin qu’ils se montrent à la hauteur de cette prestigieuse compétition et revoir lui-même certains choix, qui nous semblent pénalisants pour l’évolution du groupe. Ainsi, nous ne comprenons pas comment le coach s’obstine à composer avec le seul Derbali comme latéral droit, soit en tant que titulaire, soit en tant que remplaçant. N’était-il pas plus judicieux d’intégrer Ben Amor, dès l’entame de cette édition de CAF CL, dans la liste des qualifiés, pour pouvoir disposer de ses services … dès le match à Casa et éviter à l’équipe des crises de résultats et aux supporters des crises de nerfs ?
Aussi, la titularisation de Mouelhi, qui n’apporte rien en tant que relayeur, constitue un choix handicapant quant à l’évolution du jeu offensif Sang et Or. Mouelhi, dont le la présence offensive est inexistante, pénalise le jeu par une lenteur exaspérante, et le peu de fois où il tente une relance, ses passes manquent terriblement de subtilité dans le choix de la zone de manœuvre. Même si défensivement, il a été en retard sur la plupart des attaques adverses samedi, notamment en deuxième mi-temps. Mais la question qui se pose, au-delà du départ de Toindouba remplacé par Coulibaly auquel on a préféré Banana (Sic !), est-ce que le retour de Souissi est susceptible d’apporter le plus escompté à ce niveau ? Un Cheikh en les circonstances … et même au-delà dans une perspective de donner plus de profondeur en l’absence des Msakni et Darragi notamment, n’aurait-il pas été un meilleur choix, d’autant plus que le Sang et Or était prêt à faire son retour au Parc B ?
D’autre part, l’incorporation systématique d’Ayari en attaque aux dépens d’un très attendu Slama, reste aussi une énigme à élucider par Nabil Maâloul. L’ancien attaquant de l’Espérance de Zarzis (ESZ) attend son heure pour justifier son recrutement par le coach Sang et Or, voire son statut d’international (qui ne veut plus rien dire de nos jours visiblement, n’est-ce pas Sami Trabelsi ?). Et ce n’est pas le banc de remplaçants qui fera de Slama le futur attaquant de poche d’un ensemble Sang et Or en quête d’un nouveau souffle. À ce propos, l’on est également en position de se poser la question sur la pertinence de se passer des services de Ben Hammouda, dont le profil semble plus adapté aux besoins de l’Espérance, de par son efficacité devant les buts, meilleure que celle d’Ayari du moins, et de la précision de ses tirs de loin, absents samedi pour faire sortir la défense adverse de sa zone de confort.
En dernier lieu, le changement systématique de Bouazzi, en étant parmi les meilleurs sur le terrain, pendant que d’autres trottent sur le terrain, et qui a été à chaque fois déterminant dans la baisse de régime de l’équipe en attaque, va-t-il se poursuivre lors des prochaines rencontres ? C’est la question que se posent beaucoup de supporters Sang et Or, aussi peu dotés tactiquement soient-ils, car ils s’attendent à ce que le coaching de Maâloul transcende l’équipe … voire les joueurs et non le contraire.
En somme, beaucoup de travail reste à faire et de choix à réviser par le staff technique, afin de composer le meilleur groupe à même de garantir une place d’honneur à une Espérance, qui n’a plus le droit à l’erreur. Maâloul ne sait que fort bien l’importance de cette ligue des champions pour le club et ses supporters – et pour lui-même par extension -, même s’il pourra toujours se vanter d’un valeureux doublé remporté sur le plan local. Le public Sang et Or ne pardonnera jamais une simple figuration dans cette nouvelle campagne africaine. L’heure n’est pas encore si grave, mais … presque !
A.Mami