Un collègue à moi, qui se reconnaitra en lisant ces quelques lignes, m’avait interpellé lundi dernier sur une chose : quand il faut casser du « Maaloul », tout le monde s’y met sans retenue, mais quand il faut reconnaitre son mérite dans la victoire soudanaise, personne ne prend l’initiative de le faire.
Ma réponse, toute diplomate, était de dire « qui aime bien châtie bien » et c’était loin d’être suffisant. En effet, il faut reconnaitre que le grand gaillard qu’est Nabil est entrain de marquer des points dans les esprits espérantistes, malgré un début catastrophique et un concours de circonstances plutôt favorable, qui continue de le « protéger » en quelque sorte.
Le 14 janvier, un jour béni pour Maâloul aussi
Comment ne pas l’être, quand on sait que quelques jours auparavant, il y a eu cette débâcle historique à Sousse (5-1). Les événements qui se passaient un peu partout dans le pays ont minimisé l’effet de cette humiliation chez beaucoup d’Espérantistes et l’après-révolution a offert un sursis à l’entraineur pour revoir sa façon de gérer le groupe, ses choix technico-tactiques et aussi sa façon de gérer l’avant- match vis-à-vis des médias.
Certes, les matchs qui s’en suivaient ne présageaient vraiment pas d’une amélioration, minime soit-elle, avec des matchs nuls, une défaite en déplacement chez un novice africain, une victoire, il faut dire heureuse, à Sfax .. et j’en passe.
Mais le mérite qu’a eu ensuite Nabil était de bien protéger ses joueurs et de profiter de la non présence du public pour faire passer son message dans le calme : jouer à terre et progresser tout en bloc.
Quelques semaine après et un doublé amplement mérité, le coach pouvait désormais entrevoir l’avenir avec plus de lucidité et de confiance, avec par ailleurs des recrues de valeurs pour étoffer le groupe.
Place à la campagne africaine et à ses péripéties, place au vrai test et au vrai challenge que devait relever le bonhomme. Seule la victoire finale sera son laisser-passer aux cœurs de nombreux Sang et Or, encore rancuniers par rapport à son passage chez l’ennemi.
A-t-on trouvé notre marabout ?
Finaliste l’année dernière, favori annoncé de cette compétition pour plusieurs raisons (effectif renforcé, expérience acquise, esprit revanchard du groupe, nivellement du niveau de la compétition vers le bas, absence du TP Mazembe, etc.) Nabil Maâloul savait qu’il jouait gros et qu’il devait engranger rapidement des points, pour continuer sur la même lancée positive de la fin de saison révolutionnaire, et ne pas voir ressurgir les démons de cette Orange CAF Champions League perdue avant son arrivée.
Premier match des poules, premier déplacement et premières bévues ! De la gestion approximative des licences étrangères (on pouvait laisser Traoré jouer un dernier match au vu des automatismes), de l’avant-match avec des joueurs mal préparés mentalement pour la reprise et du cours du match, où on n’a pas vraiment relevé des consignes du banc pour redresser la situation en deuxième période.
Le deuxième match, et malgré la victoire méritée face à Al Ahly du Caire, beaucoup d’entre nous avions remarqué un manque de réactivité, encore une fois, de Nabil Maâloul, face aux difficultés défensives connues lors des vingts dernières minutes.
Bis repetita lors du match à Tunis face aux Marocains avec une obstination à garder près de 80 minutes un Darragi sous le coup d’une gastro, à ne pas donner les reines du milieu à Msakni et à effectuer des changements bizarroïdes vers la fin du match (Afful le plus actif à droite. qui termine la partie comme arrière gauche).
Il a fallu attendre le dernier match des groupes à El Menzah pour se rassurer sur l’esprit de l’équipe, qui a bien attaqué la partie, et sa force offensive, mais surtout e déplacement en Égypte, où l’enjeu était double : se qualifier et en première place. Et non seulement les deux objectifs ont été atteints, mais cerise sur le gâteau, le coach et son équipe ont sorti une de ces prestations conquérantes qu’on n’est pas prêt d’oublier !
Même recette lors du déplacement au Soudan : même tactique, Darragi peu inspiré sur le banc, changements adéquats en fonction des joueurs sur le banc et de la forme physique des uns et des autres et surtout une préparation en confiance et sans pression.
Le message lors des entrainements passe rapidement et les joueurs sont comme libérés d’une asphyxie pas si lointaine que ça. Nabil Maâloul y est pour quelque chose.
Encore trois matchs !
Pas besoin de le rappeler à Nabil Maâloul, s’il y a une chose qui pourrait le faire pardonner de sa bourde de jeunesse, qui le poursuit encore et encore, c’est bien ce titre africain qui se rapproche petit à petit.
Ces trois matchs sont de véritables finales dont la gestion conditionnera l’avenir de Maâloul non pas sur le banc de l’Espérance Sportive de Tunis (EST), mais dans le cœur de ses hommes.