Il fallait que ça arrive un jour
Invaincue depuis 29 matchs, l’Espérance Sportive de Tunis (EST) a connu une fin de série rose dimanche à Bizerte, lors de la 3e journée de la Ligue 1 tunisienne face au Club Athlétique Bizertin (CAB), en concédant une défaite sur le score de 2-1. Il est évident que le cavalier seul des Sang et Or en championnat ne pouvait durer éternellement et qu’il fallait bien que la défaite soit au rendez-vous un de ces quatre. Mais au delà de la défaite des nôtres, somme toute humaine, c’est la manière qui a laissé plus d’un perplexe. L’Espérance ne s’est pas donné les moyens pour venir à bout d’un ensemble cabiste, pourtant réputé par sa solidité surtout en son propre fief.
Mais ni Maâloul ni encore moins ses protégés n’ont semblé emportés par l’enjeu de cette rencontre, malgré la portée d’une éventuelle victoire à Bizerte, précédant leur voyage vers le Japon, où une participation de haute facture en Coupe du monde des clubs (CMC) les attend. Le hasard a voulu que le prochain adversaire des Sang et Or en cette compétition internationale, Al-Sadd du Qatar a aussi été défait ce weekend, ainsi que le très probable adversaire des Espérantistes en demi-finale, le FC Barcelone, qui a connu le même sort en Liga espagnole. Comme quoi, les meilleurs peuvent connaître des faux-pas là où on s’y attend le moins.
Une mauvaise gestion du match
Ce n’est pas la défaite qui pourrait faire rougir les Sang et Or autant que leur prestation. Dimanche, au stade du 15 Octobre, les protégés de Maâloul avaient pensé, tout comme leur coach d’ailleurs, que le match était plié après l’ouverture du score par Msakni (21′), suite à une triangulation de belle facture qui augurait d’un bel après-midi. La suite fut tout simplement indigne d’une équipe s’apprêtant à aller honorer son statut de champion d’Afrique. Un jeu décousu, des joueurs cherchant l’exploit individuel, malgré l’impraticabilité du terrain pour un tel choix, ont été au menu.
Mais tout n’est pas à mettre sur le dos des joueurs. Ceux-ci ne pouvaient en effet guère produire un football de qualité sur un terrain aussi dégradé que celui de Bizerte. Il est vrai que l’état de la pelouse n’avantageait pas le jeu à terre si cher à Maâloul. D’ailleurs le coach Sang et Or est aussi responsable de la prestation de ses poulains. Il se devait de penser à un jeu direct et éviter à ses joueurs les supplices du mauvais terrain. Il se devait d’être le premier à sermonner ses joueurs pour adopter un pressing haut et acculer les arrières nordistes à la faute. Kanzari, de son côté, y a bien pensé en demandant à ses joueurs de monter au créneau en 2è mi-temps. La fatigue des uns et le mauvais placement des autres aidant, la sentence fut implacable. Les avants cabistes ont vite obtenu gain de cause en égalisant trois minute après la pause (48′), avant de porter l’estocade plus tard (70′), pour plier le sort d’un match pourtant à la portée des Sang et Or, si de meilleurs choix avaient été faits par Maâloul, lui-même semblant avoir étrangement la tête ailleurs. Et là nous pensons notamment à la fatigue cumulée des Hicheri, Banana, Chammam et autre Bouazzi, qui accumulent les matchs depuis plus d’un an.
A la veille d’un long voyage, il aurait mieux valu de laisser souffler quelques cadres et de donner leur chance à d’autres non moins méritants. Et là nous pensons à Ben Amor, Coulibaly, Ben Mansour et Souissi voire Slama et Ayari qui auraient pu constituer des solutions de rechanges non négligeables.
Maintenant place au Japon
Aujourd’hui, tout le groupe est en direction d’Osaka. Nous ne nous attarderons pas outre mesure sur cette mauvaise prestation contre les Jaune et Noir. Maâloul et ses protégés se doivent de se tourner vers cette importante compétition, pour laquelle toute la famille Sang et Or a versé tous ses espoirs. Il s’agit de tourner la page locale pour se concentrer sur un sujet plus important, plus prestigieux. Une nouvelle page autrement plus dorée s’ouvre désormais dans le livre du doyen tunisien. Le bureau directeur, le staff technique et les joueurs savent pertinemment qu’une occasion pareille ne se présente nécessairement pas tous les ans. Le groupe y a consenti tous les efforts pour finalement y parvenir. Les joueurs ne doivent pas se contenter d’une simple figuration. Il y va du prestige du club, de tout un peuple derrière, qu’il faudra honorer.
Le match inaugural contre Al-Sadd du Qatar est la clé d’une bonne participation. Certes, jouer face aux superstars catalanes est le rêve de tous, mais nos joueurs ne doivent pas y penser avant de battre les Qataris. Seule une victoire les propulseraient en demi-finale de la plus prestigieuse des compétitions inter-clubs. La suite ne sera que du bonus pour des Sang et Or en quête d’une confirmation sur le plan mondial. La récente défaite face au CAB doit les inciter à reposer les pieds sur terre. Nous n’en ferons pas une tragédie, pour peu qu’ils se réveillent de leurs festivités africaines.