Après la parité nulle (0-0) obtenue à Casablanca face au Wydad Athletic Club (WAC), des voix Sang et Or se sont fait entendre pour regretter l’incapacité de l’Espérance Sportive de Tunis (EST) à aller chercher la victoire en terre marocaine. D’autres se sont déjà mises à véhiculer le scénario d’horreur vécu contre le Raja (Maroc) en 1999. Je vais alors insister avant toute chose sur deux points importants :
1- Ceci est le match aller d’une finale de Ligue des champions d’Arique … en déplacement ;
2- Ce résultat n’a rien à voir avec celui réalisé il y a … 12 ans !Pourquoi je commence avec cela ? Car tout simplement, on a vite oublié que, d’un côté, une finale se joue sur deux matchs, et c’est loin d’être facile de prendre la décision de jouer offensif chez son adversaire, et que d’un autre côté, on n’est pas obligé de toujours faire des comparaisons pour se rendre la tâche encore plus difficile.
Personnellement, je préférerais comparer avec la finale de l’année dernière, même si l’adversaire et les circonstances du match aller ne sont pas les mêmes. Mais le groupe, lui, est demeuré inchangé. Pourtant, nous avons assisté à une meilleure gestion de l’évènement, une tactique en harmonie avec le contexte et des joueurs qui veulent y aller à fond : il faut l’avouer, la finale de l’année dernière nous a foutrement bien servis !Une stratégie bien ficelée pour un gros match au finalÀ mon sens, deux variables ou leviers que devait gérer Nabil Maaloul dimanche soir. La première était de mettre en place une tactique en deux temps, à savoir être attentif lors de la première phase du match et oser sortir de sa coquille pour jouer son propre jeu, le nôtre. La deuxième, il fallait choisir le bon moment pour changer son fusil d’épaule et disons le tout de suite : nous avons eu la chance de voir Decastel jouer avec un seul attaquant et de constater que Ben Cherifia continue sa bonne lancée entrevue depuis le dernier match de poule face à Al Ahly du Caire.
Ces deux derniers éléments ont fait en sorte que la décision d’appliquer la deuxième partie de la stratégie a été prise dans les vestiaires et la prestation des nôtres tout au long de la seconde période le confirme. D’ailleurs, il y a lieu de noter qu’une fois la seconde mi-temps entamée, il y a eu le repositionnement du duo Traoui-Mouelhi plus haut, afin de contrecarrer le milieu wydadi à cinq puis à quatre. D’aucuns auront également noté la consigne donnée à Coulibaly pour monter et carrément dévorer physiquement son vis-à-vis, dans le but de le contraindre à défendre. L’entrée de Darragi et Afful allait aussi dans ce sens, pour donner plus de rythme, de rapidité d’exécution et de profondeur à notre jeu. Résultat des courses : aucune occasion franche pour les Marocains, quatre pour les Sang et Or et une première manche remportée tactiquement par le coach Nabil Maaloul.
Certains diront que le Wydad de Casablanca était handicapé par des absences. Je répondrais que nous avons été autant lésés par un contexte d’instabilité politique avant les dernières élections, faisant en sorte que les nôtres n’ont disputé aucun match officiel. Côté rythme de compétition, le Wydad se trouvait, à la veille du match aller, bien avantagé en les circonstances.Gérer la pression du parc… mais aussi celle des médias, de l’environnement au quotidien, de l’histoire du club et de tous ces titres perdus ; bref gérer « La » pression de ceux qui n’auront pas un ballon dans les pieds samedi prochain. Au parc, il y aura cette ferveur précédant tout gros défi, il y aura beaucoup de monde et les joueurs seront beaucoup sollicités. Il faudra les protéger sans trop les cacher non plus, car cette petite peur au ventre est tout aussi nécessaire pour la concentration.
Ce sera aussi la première fois depuis le début de la compétition, contexte du pays oblige, que le club devra subir une trop forte pression, de tous bords et de tous côtés. Mais nous n’allons pas cracher dans la soupe, nous sommes tous preneurs et nous saurons gérer notre impatience et notre stress pour laisser exprimer nos champions. Pourvu que tous les présents samedi fassent la différence entre confiance et arrogance.Marquer deux butsAu fait, l’Espérance n’a pas besoin que d’un but pour remporter la coupe, mais de deux pour éviter tout faux calcul, toute mauvaise surprise et rester concentrée tout au long du match, quels que soient les événements qui surviendront.
Après tout, les Sang et Or ne fouleront pas le gazon du stade de Radès pour « jouer la finale retour », mais pour « gagner la coupe » : il ne faut pas avoir peur des choix des mots. Il ne faudra surtout pas flancher mentalement ni émotionnellement, mais il sera important de confirmer et mettre les points sur les « i », car, tactiquement et physiquement, l’équipe a assuré à merveille sur les quatre derniers matchs.
Allez les guerriers Sang et Or, nous sommes tous derrière vous et nous savons pertinemment que cette coupe, qui nous a si longtemps tourné le dos, vous allez la ramener à Bab Souika. C’est votre destin et l’histoire riche de l’Espérance Sportive de Tunis qui le veut !
Slim Azzabi