Ce billet se veut un essai transcendant pour tous ceux qui doutent un instant quant aux chances Sang et Or de passer aux demi-finales de la CAF Champions League 2020 (CAF CL), à l’issue du match retour des quarts de finale qui se déroulera vendredi prochain dans un stade de Radès, espérons-le, plein à craquer derrière l’Espérance Sportive de Tunis (EST) face au Zamalek Sporting Club (ZSC). Et pour cause.
Les appréhensions avant le match aller
Après le succès incolore et inodore à Hammam-Lif contre le Club Sportif local (CSHL) et ce, malgré l’absence pesante des Benguit, Elhouni et à un degré moindre Ben Saha, sans oublier la non participation de Bonsu, demeuré sur le banc, d’aucuns étaient un peu sceptiques quant au degré de compétitivité, notamment sur le plan physique, du groupe de Chaabani qui devait aller chercher un résultat positif, une victoire en les circonstances, pour faire oublier le revers inattendu en Super Coupe d’Afrique deux semaines plus tôt contre le même adversaire, le Zamalek.
Ces appréhensions n’étaient pas uniquement d’ordre sportif non plus, puisque la nomination de l’arbitre marocain Jiyed, dont le sifflet partisan au profit de l’autre club cairote d’Al Ahly SC (Égypte) a failli créer une émeute au Soudan il y a à peine quelques semaines, sans parler de ses dernières piètres prestations en Botola marocaine qui lui a valu, à son tour, une mise au frigo.
Mais cerise sur le gâteau, ce sont les prédispositions prises par les autorités égyptiennes à la veille du déplacement de nos vaillants supporters pour soutenir la Dawla, en refusant des centaines de visas d’entrée aux Sang et Or venus de partout dans le monde, qui étaient annonciatrices d’un cauchemar, celui que vivront les présents au stade du Caire pour soutenir l’Espérance et ce, indépendamment de leur âge et de leur genre.
Le match aller
Sur le plan strictement sportif, l’entame sur les chapeaux de roue des coéquipiers de Benguit, buteur (27′), a dissipé tous les doutes au fur et à mesure que le match progressait. À la mi-temps, terminée sur une parité positive (1-1), les Sang et Or pouvaient aspirer à un score fleuve tellement les occasions nettes et la maitrise tactique étaient en leur faveur. Elhouni, par deux fois, Benguit, Ben Romdhane et à un degré moindre Ouattara avaient le but au bout du pied, mais la maladresse et parfois la malchance, dont le ballon a le secret, étaient malheureusement au rendez-vous pour éviter aux locaux une correction historique bien méritée.
La seconde mi-temps fut également bien engagée malgré la baisse de fraicheur physique bien visible des protégés de Chaabani. Ce dernier tente justement de dynamiser son équipe vers l’heure du jeu en remplaçant Ben Hammouda par le surprenant Meziane, nouvellement recruté et pas encore en jambes ni rôdé avec le groupe. Un changement qui a fini de manière prévisible par ne pas apporter le plus attendu par le coach, quand bien même il ne sera pas si décisif dans ce qui se passera après, lorsque l’arbitre Jiyed, jusque-là assez correct (avait-il le choix vu la mainmise de l’EST sur le match?), décide avec son assistant de laisser passer une double faute sur Chammam en pleine surface de réparation pour préparer un retournement de situation inespéré par les Zamalkaouis, bien émoussés malgré le but égalisateur heureux grâce à un tir lointain d’Ounajem (31′). Juste avant le but de Ben Charki (72′), un gros plan sur les estrades, montré à la télé, présentait bien des visages pâles et des supporters mordant leurs doigts tellement les Sang et Or déroulaient!
Pour une fois, quand on pense à leur passivité envers l’arbitre Gomes qui a annulé le but valable de l’égalisation du club de Bab Souika à la toute fin de la Super Coupe d’Afrique (SCA) au Qatar, les poulains de Chaabani ont eu une réaction attendue de tout groupe compétitif qui se respecte, même si les joueurs ont malheureusement confondu fermeté, tant souhaitée, et hystérie, qui a fini par confirmer toute la mauvaise foi de l’homme en noir marocain, qui a sorti aveuglément son carton rouge avant même de savoir à l’encontre de quel joueur il allait le signaler ni, limite, pour quelle raison il allait le brandir, avant de faire référence à un tirage de maillot … bien moins grave que la double faute sur Chammam … pour sortir un Ben Romdhane complètement innocent! Bref, il fallait sortir quelqu’un, le reste n’est que détails …
Il n’en demeure pas moins qu’il restait encore pas moins de vingt (20) minutes de jeu, incluant le temps additionnel qui s’avèrera bien plus fatal, lorsque lessivés par le choix encore plus surprenant de Chaabani de laisser le milieu dégarni, ouvrant du reste des boulevards aux coéquipiers de Sassi pour s’y balader, les Coulibaly, Mbarki et Meziane ont cumulé des inattentions impardonnables, avant la faute fatidique de Dhaouadi qui a provoqué le penalty assassin transformé par Alaa (90+4′). Le score de deux buts d’écart (3-1) en faveur des Zamalkaouis est trop cher payé, car avec un peu plus de chance et d’adresse devant les buts adverses, une meilleure gestion tactique post carton rouge … le score pouvait sans aucun doute finir bien plus serré voire en faveur des Sang et Or et personne n’aurait eu rien à dire … dommage!
Des supporters Sang et Or martyrisés
Tous les témoignages recueillis des fans espérantistes présents au stade du Caire sont unanimes et versent sans exception sur une préméditation des forces sécuritaires égyptiennes pour faire vivre l’enfer aux supporters de la Dawla, indépendamment de l’âge ou même du genre. Après les fouilles répétées avant même de regagner l’enceinte réservée, des coups aveugles de matraques, de bâtons, voire même de ceintures (SIC!), des bombes lacrymogènes, des intimidations de la part d’agents en tenue officielle ou civile, nos supporters en ont vues de toutes les couleurs … sauf celle verte du terrain et ce, depuis l’ouverture du score. C’est tout simplement inhumain, inacceptable, indigne et impardonnable! Pas surprenant du reste de la part d’un régime connu pour son autoritarisme et son irrespect total de sa propre population, elle aussi prise en otage par le Général Sissi et sa bande, qui préfèrent s’attaquer à quelques centaines de supporters tunisiens venus soutenir les leurs, chantant du reste des hymnes et brandissant des drapeaux à l’effigie de la cause palestinienne comme on en voit dans beaucoup de stades à travers le monde, et ce, au risque de causer un incident diplomatique … visiblement recherché, vu « l’aplaventrisme » qui caractérise le régime dictatorial du Caire envers ses grands amis d’Israël.
Aussi bien le club du Zamalek à travers ses organes officiels, qui jouent aux innocents après leur autre travers suite à la SCA, que les « White Knights » se sont excusés pour le traitement désastreux subi par nos supporters. Il reste que cela ne doit pas s’arrêter là et une réponse des autorités politiques du pays est attendue pour garantir aux citoyens tunisiens la dignité à laquelle ils ont droit et pour laquelle ils ont payé le prix cher depuis presqu’une décennie.
De ce fait, je ne pense pas qu’il faut en vouloir au peuple égyptien frère ni aux Zamalkaouis car nous avons le devoir non seulement de tomber dans le bateau de la violence, mais en plus de bien clarifier les responsabilités afin de lui apporter les réponses qui s’imposent, à savoir politiques, car il ne faut surtout pas compter sur la Confédération africaine de football (CAF) pour sanctionner ces pratiques d’un autre âge.
Des chances intactes
L’Espérance a certes perdu par deux fois face au Zamalek en à peine deux semaines sur un score identique de trois buts à un (3-1). Il n’en demeure pas moins que par deux fois aussi, les protégés de Chaabani ont subi un dernier but lors du temps additionnel, sans mentionner que par deux fois également, les arbitres ont été décisifs au profit des Zamalkaouis … c’est dire le message trompeur que peut envoyer cette double défaite du double champion d’Afrique en titre.
Certes, le match au stade de Radès qui doit accueillir cinquante mille (50 000) supporters tous déchainés pour la cause du passage au prochain tour, aura une physionomie qui se rapproche plutôt de l’empoignade entre les deux clubs au Qatar, alors que les Sang et Or sont entrés sur le terrain quasiment en retard d’un but … marqué à la seconde minute du match. Le souvenir de ce qui s’est passé après n’est pas forcément très positif malgré le retour au score, alors que les protégés de Chaabani ont eu le monopole inefficace du ballon, avec à la clé une défaite bien plus pesante et décevante que méritée.
Par contre, il y a bien des signaux bien plus positifs vus au Caire et sur lesquels il va falloir bâtir, à savoir cette grinta montrée, cet esprit bien combatif qui ne saura qu’enflammer les travées de Radès pour sonner le glas au Zamalek, clairement encore plus dans le doute qu’à la veille du match aller.
En d’autres mots, nos joueurs méritent tout notre support pour ce qu’ils ont montré au Caire et nous sommes plusieurs à être convaincus que la qualification sera inchAllah acquise vendredi prochain, peut-être même beaucoup plus facilement qu’attendu, si les dieux du stade se décident à être pour une fois justes face aux forces présentes sur le terrain.
Pour ce faire, Chaabani devra faire preuve de plus de perspicacité dans sa gestion du match, appelant le groupe à une plus grande solidarité sur le terrain, en jouant de manière plus compacte pour gagner le plus de duels possibles, notamment dans les moments et zones de vérité. Ce serait suicidaire de revoir des attaquants statiques, évoluant dos au but, profondément dans la zone adverse sur la même ligne des fois, complètement lâchés par deux autres lignes défensive et médiane peu soutenus pour trouver des solutions à la portée. Même face à des défenses regroupées, il y a bien des manières pour disloquer le bloc adverse par des appels et contre-appels vers les buts adverses, tantôt avec des courses diagonales, tantôt des courses dans le dos, etc., en cherchant constamment la brèche grâce aux permutations et dépassements de fonction lors des moments importants.
En conclusion, j’aimerais bien adresser un message sincère aux joueurs: au-delà de l’esprit revanchard qui anime toute la famille espérantiste aussi bien sur le plan sportif que celui extra-sportif subi et par l’équipe et par ses supporters et au-delà même de toute considération concernant le rôle de supporters que nous avons pour essayer un tant soit peu vous booster le moral, nous croyons dur comme fer au passage au prochain tour parce que tout simplement vous le méritez au vu de votre potentiel mais surtout de votre excellente sortie au Caire. Le scenario d’Al Ahly dans des circonstances semblables est encore présent dans notre mémoire, bien présent dans notre ADN, gagnez le match contre le Zamalek et le passage au prochain tour pour vous et pour tout le peuple de la Dawla, vous en êtes amplement capables!
بروح, بدم, نفديك يا ترجي !
K. Bamri
