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[FOOT] Saison 2019-2020: Bilan et perspectives (2è partie)

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Beaucoup de temps est passé suite à la parution de la première partie du bilan de la saison 2019-2020.  Une attente voire un tâtonnement à l’image de ce qui se passe en ces temps troubles du Covid19, où toutes les échéances sont devenues aléatoires comme celles du mercato « estival », qui a pris fin le 7 décembre, et de la nouvelle saison 2020-2021, qui a commencé la veille après moultes tergiversations.  Il va sans dire que le match inaugural contre l’Association Sportive de Soliman (ASS) à Radès, soldé par un nul (2-2) décevant à domicile (stade de Radès) vient malheureusement conforter le bilan dressé et ses causes inhérentes. 

Alors après avoir dressé le portrait des actifs et passifs côté performances lors du premier volet du bilan, nous vous proposons dans ce qui suit l’analyse de cette réalité pour dégager les points à améliorer selon trois axes, à savoir la conception et la réalisation de l’effectif (1), la gestion technicotactique de l’effectif, des matchs et des compétitions (2), ainsi qu’au niveau de la gestion managériale sportive et de la communication au sein du club (3).

  1. La conception et la réalisation de l’effectif

Pour revenir à la saison dernière, quand bien même cela demeure valable dans l’absolu et donc pour la saison qui suit, l’effectif devait être monté en premier lieu pour jouer en 433 … que d’aucuns appellent 4141, une de ses variantes, un système de jeu que Chaâbani, le chef orchestre du terrain, affectionne bien.  En d’autres termes, quand un chef cuisinier veut préparer une chakchouka pour une centaine de convives, on ne lui ramène pas des courgettes et une douzaine d’œufs pour en faire des miracles.  Et pourtant, c’est ce que le club a proposé à Chaâbani en quelque sorte pour jouer et gagner surtout sur tous les fronts.

Or, l’effectif victorieux de deux CAF Champions League (CAF CL) 2018 et 2019 coup sur coup, un record historique réalisé en six mois, avait besoin d’être renforcé selon et les besoins intrinsèques, toutes choses étant égales par ailleurs, et les départ , la plupart programmés, mais aussi en fonction des objectifs tracés pour défendre le titre continental suprême, face à des concurrents autrement plus affamés et renforcés à leurs tours, mais aussi en vue d’une participation en Coupe du Monde des clubs (CMC), où l’équipe se devait de passer en demi-finale ou même en finale après deux participations décevantes. 

Selon notre vision, il y avait deux besoins fondamentaux (diagnostic) :

  1. Remplacer des titulaires sans doublures valables et dont le rendement est insuffisant ou en déclin :
  2. Un latéral droit titulaire vu que Derbali était vieillissant – au-delà de la qualité intrinsèque -, que  Mbarki était en déclin flagrant et que Meskini était inadapté pour le poste;
  3. Un axial titulaire pour suppléer un Chammam reconverti (excellent du reste) par-dessus de l’âge et un Dhaouadi errant, sur lesquels on ne pouvait pas compter pour assurer une solidité défensive essentielle à toute équipe championne et conquérante;
  4. Un milieu défensif, sentinelle, pour substituer un Coulibaly des plus inutiles – nous y reviendrons plus loin, étant un sujet sûrement sensible … popularité du joueur oblige – ;
  5. Un attaquant « prima punta » pour remplacer un Khenissi incapable de planter le moindre but lors de la CAF CL … au-delà de ses limites technicotactiques dans son jeu balle au pied et même sans ballon, s’il ne fait pas des appels pour lui-même.
  • Remplacer des joueurs pour renforcer des postes où les profils manquent pour donner des alternatives de changement de systèmes de jeu, chose que Chaâbani, malheureusement, ne semble pas considérer en se fiant à ces choix le long de la saison – nous y reviendrons – ou pour remplacer les doublures ne présentant pas la concurrence souhaitée pour les titulaires (Rabii, Dhaouadi, Meskini, Meziani, Mejri, etc.).  À ce propos, les besoins sont toujours tellement multiples que nous ne pourrons pas développer le sujet dans les lignes qui suivent pour éviter plus de longueurs au lecteur.

Or, si nous rajoutons au premier point les départs des titulaires Ben Mohamed (latéral gauche), Kom et Chaâlali (milieux défensifs / relayeurs, le Tunisien pouvant jouer « regista basso » à la Pirlo / De Rossi et bon tireurs de balles arrêtées) avec Belaïli (joueur de couloir gauche – animateur de jeu et tireur de balles arrêtées), sans oublier Bguir (milieu relayeur offensif – animateur de jeu et tireur de balles arrêtées) permettant au 433 d’être interprété des fois en 4231 selon les circonstances (un milieu en triangle inversé en 2-1 vs. 1-2), la tâche de mettre en place une équipe compétitive est devenue quasiment impossible à réussir, surtout sans toucher aux fondements du système de jeu et en tenant compte des aspects relatifs au mercato (disponibilité des profils – détection – et coûts), avec pas moins de huit titulaires à remplacer … et pas que.  Une bonne nouvelle tout de même à ne pas déconsidérer, à savoir la présence d’El Houni dans l’effectif, qui devait prendre la relève de Belaïli sur le couloir gauche, même si l’Algérien, tout comme Badri, était objectivement une coche au-dessus, les deux étant nominés parmi les dix meilleurs joueurs africains dans le monde par la CAF en 2019.

À ce propos, la composante du « management sportif » du club Sang et Or, formellement absente de la hiérarchie du club, un élément auquel nous reviendrons plus loin, a réussi tant bien que mal à aller chercher cinq joueurs parmi les sept-huit postes à pourvoir, afin de minimiser les dégâts : Chetti (latéral gauche), Badrane (axial), Bonsu (milieu défensif – qui ne réussira pas à s’imposer -) et Benguit (milieu relayeur – animateur de jeu) et accessoirement Ben Choug (milieu offensif ou « trequartista » bien plus utile pour le 4231 – ou même le 442 -, mais avec un profil bien différent de celui de Bguir, nécessitant donc quelques ajustements tactiques pour garder les mêmes dynamiques de jeu préconisées par Chaâbani).

Mais il n’y a pas eu que ceux-là.  Ben Saha (joueur de couloir préférant le côté gauche – déjà pris par El Houni – mais le seul tireur de balles arrêtées parmi les recrues) et Ouattara (attaquant de soutien) ont aussi rejoint l’effectif Sang et Or pour finir peu ou mal utilisés, tous les deux, le premier ayant tant bien que mal fini par être la solution idoine sur le couloir droit … à la fin de la saison, pour suppléer Badri, une autre pièce incontournable des ex champions d’Afrique, parti, lui, au mercato d’hiver.

Le comble dans tout cela?  Au mercato d’hiver justement, l’Espérance, loin de rouler sur l’or en rapport avec son standing international (regarder le rétroviseur tunisien n’étant pas une option), est allée chercher Meziane au prix fort dans l’optique de remplacer Badri, alors que l’international algérien, à son tour, affectionne, lui aussi, le couloir gauche bien plus que celui droit, déjà occupé par El Houni et éventuellement Ben Saha pour le suppléer.  Et après, tout comme pour Ben Saha, on lui reproche son inefficacité et son manque d’impact dans les performances de l’équipe, surtout quand, en plus, Chaâbani le met sur le banc le match d’après la réalisation d’un but et d’une passe décisive … en partant du couloir gauche contre le Stade Tunisien (ST)! 

À noter également la venue de la pointe Ben Hammouda lors du même mercato, dans l’optique de remédier à l’erreur Ouattara pour remplacer Khenissi, toujours léthargique.  Sans être inutile pour l’effectif, avec une marge de progression possible à son actif vu son jeune âge, il n’en demeure pas moins que son profil est bien différent de celui recherché, vu qu’il n’affectionne pas si bien le jeu dos au but, en déviation et en première intention, lui qui a évolué dans une équipe qui jouait plus en contre, aimant ainsi partir de loin, sans oublier un meilleur jeu de tête que celui de Khenissi.

En somme, la conception technique et la gestion des « mercati » ont clairement manqué de justesse au niveau du diagnostic et de la réalisation, malgré la complexité de la besogne en les circonstances.  Le côté matériel, quant à lui, essentiel pour une meilleure appréciation de la tâche, est assez opaque pour pouvoir en faire une bonne critique. Il n’en demeure pas moins que nous restons abasourdis devant l’affirmation d’avoir « reçu une offre dépassant les 3M$ pour Coulibaly » … sans l’avoir vendu.  Une hérésie! 

La question fondamentale que nous sommes tentés de poser à ce propos : par qui (responsables) et comment (détection, suivi, sélection, négociations avec les nouvelles recrues) les décisions sont prises à l’Espérance?  Nous osons espérer que ce n’est pas le président Meddeb, qui doit se mettre au-dessus de la mêlée.

2. La gestion technicotactique de l’effectif, des matchs et des compétitions

Comme mentionné dans la première partie du bilan et malgré certaines copies très satisfaisantes, le parcours de l’équipe lors de la dernière saison a été en deçà des attentes et ce, au-delà même des résultats.  Cet état des faits était certes influencé par la qualité de l’effectif mis à la disposition de Chaâbani comme élaboré plus haut.  Mais le coach Sang et Or, qui ne peut porter qu’une part infime de la responsabilité des « mercati » pour avoir au moins participé à l’élaboration des besoins, pour servir ses choix arrêtés sur un 433 devenu prévisible, voire trop statique, et surtout défaillant suite à la mauvaise utilisation des joueurs (Ouattara en pointe, Ben Hammouda et Meziane à droite de l’attaque, Bonsu au relais – faute d’alternatives du reste – pour ne nommer que ceux-là).  Et puis, même si une équipe qui se respecte doit bien évidemment être montée sur une certaine vision prépondérante du système de jeu à adopter, il n’en demeure pas moins qu’un entraineur qui vise l’excellence se doit également de développer d’autres tours dans son jeu, afin de faire face à des défis ponctuels (situations de match) et de contrecarrer des adversaires autrement « particuliers ». 

Quand on dispose de Ouattara, Ben Hammouda, Mimouni, Berrima … voire Ben Choug dans l’effectif, et que par ailleurs, on n’est pas convaincu des solutions sur le couloir droit de l’attaque (moultes changements sans résultat probant), un Ben Romdhane et un Mosrati au milieu qui piaffent d’impatience pour confirmer des prédispositions indéniables, il était, et ça l’est encore, nécessaire de concevoir l’équipe en 442 également (voire 352 … dans l’absolu, mais avec les profils à disposition ce serait un peu tiré par les cheveux).  Du moins à l’occasion, avec un milieu plat ou en losange, cela importe peu, puisque cela dépend de plein d’autres paramètres dont la forme du moment et de l’adversaire.  De ce point de vue, Chaâbani, malgré toute sa bonne volonté et son charisme, a bien failli et ce ne sont pas les copies désastreuses rendues par son équipe, ponctuées par des contre-performances méritées, en 433 (4141), voire en 4231 à l’occasion avec des profils peu ou pas adaptés, qui vont nous contredire.

D’autre part, quand bien même un entraîneur a droit à ses idées, à ses convictions, comme tout professionnel qui se respecte, ces dernières sont appelées à évoluer dans le temps, notamment quand les résultats et l’appréciation qualitative de la performance ne suivent pas … encore faut-il voir la réalité en face.  À ce propos, l’utilisation « automatique » de certains joueurs, dits « repères » ou faisant partie de « l’ossature » ou « colonne dorsale » de l’équipe, reste bien discutable.  Si Derbali était irremplaçable par la force des choses (échec des « mercati » – compensé cette saison par l’arrivée cette saison de Nagguez, lequel se doit d’évoluer défensivement à son tour), nous demeurons dubitatifs quant à la confiance aveugle placée en Coulibaly et Khenissi, pour ne pas les nommer. 

L’Ivoirien fort sympathique et adulé par une bonne frange des supporters Sang et Or est loin de représenter « la pierre angulaire du projet CL » (dixit Bennour) de l’Espérance.  Sans rentrer dans le listage de ses limites et de ses bourdes bien nombreuses, pour éviter toute perception de dénigrement ou d’acharnement indues, force est de rappeler que Coulibaly n’a jamais été « intouchable » ni à l’Espérance … ni au Stade Tunisien … ni en sentinelle – Kom avec Ben Yahia a apporté une autre dimension -.  Or, en son absence pour blessure en début de saison, Ben Romadhane a été bien plus satisfaisant à occuper la sentinelle devant la défense.  Résultat des courses, six (6) victoires et trois (3) nuls en neuf (9) rencontres, avec 16 buts marqués contre 5 encaissés (US Tataouine [0-1], Nejmeh SC du Liban [1-1 et 2-0], Elect Sport FC du Tchad [1-1 et 2-1], CS Hammam-Lif [2-0], US Ben Guerdane [4-1], CS Sfaxien [0-2], OC Safi [1-1]), avant son retour contre le CA Bizertin (3-1).  Et ce, grâce à une meilleure lecture tactique, une promptitude et réactivité bien au-dessus et une orientation plus positive du jeu qui ont permis à l’équipe de se projeter plus rapidement vers l’avant, dans des conditions plus favorables.  À notre humble avis, même si le choix n’était pas délibéré au départ, vu une appréciation défaillante de l’importance de Coulibaly dans le projet de jeu Sang et Or, cet accident de parcours devait représenter à lui seul une « baraka ».  Mais tel ne fut pas le cas pour Chaâbani, qui a réintégré de nouveau l’Ivoirien pour voir l’équipe retomber dans les travers de la lenteur, des passes inutiles et de l’exposition en phase de contres !  Rappelons par ailleurs qu’en l’absence du milieu ivoirien pour des raisons de turnover en championnat (impossible de ne pas le voir titulaire dans les matchs internationaux), l’Espérance a réussi trois (3) victoires et un (1) nul en quatre (4) matchs en championnat (JS Kairouanaise [7-1], ST [0-0], ASS [2-1] et [CS Chebba [1-2]), avec onze (11) réalisations à l’actif contre trois (3).

Le cas Khenissi, qui n’a pas évolué d’un iota depuis son retour au Parc Belkhoja, est aussi un cas d’école en matière de « mourir avec ses idées ».  Qu’on l’ait préféré à Jouini, parti au mercato hivernal, voire à Mejri, parti pendant l’été, ça peut bien se comprendre, mais pas pour le laisser faire la pluie et le beau temps seul devant (il finira par marquer 6 buts au total, uniquement dans les compétitions locales), avec Ouattara pour le concurrencer.  Et quand cette solution devenait caduque, du moins à domicile (Ouattara bien plus utile en contre – et donc à l’extérieur – … notamment en tant que passeur), il devenait essentiel de chercher d’autres solutions et animations de jeu pour remédier à cette grosse défaillance qui a fini par coûter des matchs voire des titres importants au club.  Rappelons que depuis le retour à la compétition post-Covid, l’attaque Sang et Or carburait en moyenne à raison de moins d’un but par match inscrit en quatorze apparitions, dont six matchs sans même marquer le moindre but entre coupe et championnat!

Par ailleurs, et pour ne pas revenir à l’utilisation de certains joueurs dans des postes qui ne leur conviennent pas (Ben Hammouda puis Meziane puis Mimouni au couloir droit, Bonsu – certes parti – en relayeur, et ce, malgré certaines limites en sentinelle, notamment dans la technique de sortie de balle, qui pouvaient être surpassées avec un minimum de confiance – du coach -, de sérénité, d’application et de rythme de rencontre), certains joueurs ont été arrêtés dans leur élan pour faire de la place à des coéquipiers loin d’avoir été plus performants.  Nous pensons à Yaâkoubi et Beguit en Coupe du Monde des Clubs (CMC), aux cas de Meziane et Ben Romadhane pour ne pas y revenir, sans oublier Ben Hammouda auteur d’un but en Coupe et remis sur le banc le match d’après.

En ce qui a trait à la gestion des matchs et sans devoir revenir avec des cas spécifiques (CMC ou Arab Champions League), nous nous permettons de noter les tardives réactions de Chaâbani aussi bien à remplacer des joueurs peu performants sur le terrain, qu’à changer d’approche en matière de principes de jeu (resserrement des lignes, rapidité d’exécution, plus d’agressivité sur le porteur du ballon, pressing haut ou médian, etc.) voire de tactiques de jeu (442) et ce, avant même de prendre de l’eau, lorsque l’équipe passe par des périodes creuses et de tâtonnements, aussi bien défensifs qu’offensifs.

En matière de gestion des compétitions et des échéances des fois rapprochées, il y a lieu de noter des turnovers questionnables, avec des fois onze joueurs ou presque présentés sur le terrain n’ayant jamais joué un seul match ensemble, comme lors du déplacement à Chebba (1-2) ou en Algérie pour donner la réplique à la JS Kabilye (1-0).  Pis encore, le coach espérantiste ne s’est même pas déplacé avec ses poulains, une horreur que nous ne souhaitons ne plus revoir, autorisée par le club du reste (???), d’autant plus que ce n’était pas la première fois que ça arrive lors de la gestion Chaâbani (Platinum FC du Zimbabwé la saison d’avant [1-2]).  Cette décision va à l’encontre de toute logique sportive, notamment en matière de respect des joueurs proposés sur le terrain!

Le bilan que nous trouvons objectivement négatif plus haut ne doit en aucun cas être pris comme une tentative de lynchage de Chaâbani, que nous saluons chaleureusement du reste surtout qu’il nous lira certainement.  Le coach charismatique a bien d’autres qualités sur le plan communicationnel, aussi bien avec le groupe qu’avec les médias.  Sans devoir rappeler ses réussites … tactiques aussi, notamment sa capacité d’avoir maintenu un groupe sensiblement performant malgré les changements de l’effectif et ce, au-delà de son Espérantisme – et il y a de quoi – et des résultats historiques obtenus avant.  Ce sont des critiques factuelles, limites acerbes – une marque de la maison – à la mesure d’une saison somme toute décevante. Et outre la réalité des choix déjà en place pour la prochaine saison, avec la reconduction de Chaâbani à la tête su staff technique, nous demeurons convaincus que c’était la meilleure solution possible pour la maison Espérance … à condition de rectifier certains tirs en portant attention aux éléments mentionnés plus haut.  Cela ne peut que le faire grandir, faire évoluer l’équipe et consolider sa place parmi le gotha des entraineurs qui continueront à laisser leur marque en Tunisie … et ailleurs.  Nous voulons bien qu’il déclare être réceptif des critiques, nous voulons des preuves qui se matérialisent à travers de nouveaux choix et de nouvelles approches sans bien sûr perdre de vue l’objectif : faire évoluer le groupe et ses performances, aussi bien collectives qu’individuelles (un élément que nous développerons dans le futur pour l’effectif 2020-2021, car les joueurs ne sont pas en reste en matière de défaillances et surtout de stagnation).

3. L’organisation managériale et la communication du club

En parlant de l’organisation managériale, nous ne toucherons aucunement la gestion des autres sections du club, outre que celle du football, qui représente son porte-drapeau et sa composante la plus sensible en matière de rayonnement, la plus populaire et la plus énergivore en matière d’investissements et même de revenus pour le club.

Quand bien même beaucoup d’efforts ont été consentis par plusieurs composantes du club et à leur tête le président Meddeb, le club Espérance a droit de continuer à rêver et emboiter le pas de l’excellence souhaitée par ses supporters les plus « fous ».  Plus de dix ans après la prise en main du club par Meddeb, les équipes qui ont secondé et qui continuent à le faire sous ses commandes « paternelles » ont accompli un travail titanesque, incommensurable même en les circonstances (post 14-janvier).  Mais tout comme pour Chaâbani et son staff technique, le verre reste mi-plein.  Pourquoi?  Le monde du sport et du foot en particulier évolue à une vitesse que nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas voir.  Comme sur le terrain, la bonne gouvernance (système de jeu adapté), la justesse des décisions (direction et vitesse de la passe dans le sens du jeu) et leur cohérence (mouvements des joueurs), la logistique (placement et replacement), la vitesse d’exécution (timing), l’optimisation des ressources financières et pas que (sens tactique), le marketing (jeu spectacle) et la communication (entre joueurs) sont autant d’éléments qui ne peuvent plus être laissés pour compte. Le sens du détail et la somme de toutes les actions entreprises par chacune des composantes du club finit par impacter ses résultats, dans un sens comme dans un autre.

Encore une fois, nous n’avons pas toutes les données pour pouvoir porter un jugement entièrement objectif sur toute l’organisation du club Sang et Or, mais constater que le club est loin du compte comparé à ce qui se passe chez les meilleurs, comme le cas de l’équipe de Chaâbani comparée à celles de Klopp (Liverpool) ou de Flick (Bayern), est loin d’être blasphématoire.  À ce titre, nous voudrions attirer l’attention sur deux éléments essentiels qui doivent être traités en urgence : l’organisation managériale du foot et la communication.

Dans tous les grands clubs, le foot est approché de manière scientifique.  La responsabilité de la conception d’une équipe, sa mise en place, le suivi de ses performances aussi bien techniques, tactiques que financières (gestion de contrats, etc.), tout comme leur amélioration, est confiée à des professionnels, dont la compétence est insoupçonnée en matière de management, de connaissances du foot et de la mise en place de structures et processus à même d’optimiser les résultats et les ressources à sa disposition.  Cette composante du management sportif, qui se dotera entre autres d’une direction technique et d’une cellule de recrutement professionnelle, aura pour charge de mette en place des plans de développement des performances aussi bien sportives que financières de la section foot, en matière de gestion des jeunes, de recrutements et de valorisation de l’effectif professionnel, sans parler des titres.

Cette direction doit à son tour rendre des comptes au comité de direction, composé bien évidemment par le président Meddeb et d’autres personnes compétentes qu’il choisira, afin de tracer à son tour les objectifs à atteindre selon une feuille de route concertée et stimulante, selon les ressources consenties.  Cette action, quand bien même complexe et innovante, est de nos jours essentielle pour hisser le club à un autre niveau … qui restera encore, rappelons-le, loin du compte vu l’évolution des pratiques de gestion au sein des clubs les plus performants au monde.  Ceci dit, celui qui n’avance pas recule … et l’heure est à l’urgence.  Et à travers cette action où la réussite doit être obligatoire en étant menée avec volonté et hargne, le club pourrait envisager d’autres perspectives dans les autres domaines de gestion de club, tels que la gestion de l’infrastructure sportive, la gestion évènementielle, le merchandising (Taraji Store, etc.), la gestion logistique et financière (investissements, etc.), la gestion informatique et informationnelle (intelligence artificielle, etc.) et le marketing sportif (image, communication, etc.).

Justement côté communication, c’est un secteur où le club a peu évolué.  Les conférences de presse d’avant ou d’après-match livrées par le staff technique, que nous saluons du reste, ou l’annonce officielle des recrues en premier lieu à travers le site officiel du club, qui demeurent des évolutions notables, sont loin de représenter le minimum escompté par les supporters.

Il y a d’abord une gestion et une présence défaillante dans les médias, aussi bien nationaux qu’internationaux, pour défendre les intérêts du club.  La cabale contre notre club lors de la finale de la CAF CL 2019 contre le Wydad AC menée par les antis, aussi bien tunisiens qu’arabes notamment, en est une preuve tangible.  Les supporters sont demeurés dans le flou le plus total quant aux péripéties du dossier et avec la Confédération Africaine de Football (CAF) et avec le Tribunal d’arbitrage su sport (TAS).  Nous passerons sur les dérapages quasi quotidiens d’anciens et d’actuels joueurs, responsables ou journalistes qui débitent des mensonges grossiers sur les réalisations le long de l’histoire sportive du club, le sport national des antis, bien nombreux du reste.

Ensuite, nous ne pouvons passer sous silence aussi bien la non organisation d’assemblées générales électives ou évaluatives (ordinaires) constantes, mais aussi le manque de sérieux (copinage pour les interventions, etc.) et de transparence dans leur conduite, le cas échéant.  Une meilleure constance et un meilleur mécanisme en matière de choix des questions posées, quand bien même ardues, doivent être mis en place afin de renforcer l’attachement et l’implication positive des supporters dans la vie du club.

Enfin, cet attachement doit également continuer à être entretenu à travers l’amélioration du site officiel et de son rayonnement sur les réseaux sociaux, incontournables dans le monde d’aujourd’hui, tout en notant le bond qualitatif réalisé depuis quelque temps.  Une rencontre trimestrielle (Live) avec les supporters pour faire le tour de l’état des lieux du club et répondre aux questionnements des supporters à travers le monde, notamment en matière d’abonnements, de déplacements, de disponibilité de produits du club, etc., ne serait pas de trop et dont le résumé peut être affiché pour fin de consultation.

Conclusion

Il va sans dire que ce bilan perspectiviste de la saison 2019-2020 est une appréciation qui comporte plusieurs limites.  Ça ne représente pas forcément un courant ou un reflet de toute la communauté espérantiste dans son ensemble, riche de ses hommes et femmes de tous horizons.  Nous avons tenté à travers cette lecture de donner une base de réflexion et de discussion aussi bien pour les protagonistes intéressés par la performance et le rayonnement du club que pour les supporters.  Nous y reviendrons l’année prochaine inch’Allah au bout d’une saison que nous espérons plein de succès à tous les niveaux grâce, ou pas, à certaines de nos observations, appelées elles-mêmes à évoluer.

K. Bamri et M. Gara

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