Encore une victoire facile. Au bout d’une prestation, plutôt, convaincante. Est-ce dû à la faiblesse des adversaires ? Ou est ce qu’une métamorphose est entrain de s’opérer à l’Espérance ?
Sur l’ensemble du match, l’Espérance a dominé, globalement, en possession. Son jeu était un mix de passes courtes à une, voire deux, touche(s) de balle et de longues transversales dans le dos des défenseurs adverses. Une alternance qui réussit, pas mal, pour le moment. Cela reste, quand même, à nuancer sur certains aspects. Du moment que les Sang et Or n’ont pas, encore, eu à affronter un client sérieux.
Approche tactique
Maâloul a choisi, pour ce match, son schéma classique de 4-4-2 avec un milieu en diamant. En théorie, l’avantage de cette approche est qu’elle se transforme, aisément, en possession de la balle à une attaque à 4 têtes avec deux couloirs et deux pointes. Les relais étaient assurés sur trois axes. L’axe droit pris en charge par Bouazzi, l’axe gauche occupé par Msakni alors que l’axe central était pour Darragi. A chaque relais sur le couloir, un attaquant supplémentaire plongeait dans la surface en compagnie de l’attaquant du flanc opposé.
Pour être plus explicite, on dirait que lorsque le ballon était à droite, si Bouazzi relayait avec Mhirsi, Darragi allait vers la surface en compagnie de Dramane et si Bouazzi choisissait Darragi, c’est Mhirsi qui plongeait dans la surface avec le malien. Histoire d’assurer une présence massive en profondeur d’attaque. La seule lacune qu’on aurait constaté concernerait le relais axial qui suppose la présence d’un avant centre de pointe capable de fixer, de pivoter et de faire le point d’ancrage (jouer en déviation) ce qui n’est ni le cas de Traoré ni celui de Mhirsi. Heureusement que l’axe défensif adverse était plus tendre que le beurre ce qui a facilité la tâche de Darragi mais c’est un point à améliorer.
Le deuxième volet du schéma concerne, encore et toujours, le repli et la couverture. L’approche défensive a alterné le bon et le moins bon. Et avec de bon finisseurs, les Jaarafs auraient pu aspirer à marquer, au moins deux buts ! En effet, le choix de jouer avec un seul pivot comporte, par défaut, une prise de risque énorme parce qu’il élargit la surface que doit occuper ce balayeur. En plus, en absence d’arrières latéraux imposants sur leurs couloirs, l’axe central ne peut plus s’aventurer à assurer un appui au pivot central.
Résultat, Korbi s’est retrouvé, à plusieurs reprises, en situation de 1 contre 3. La faut à qui ? C’est très simple à deviner. Le trio de relayeurs, offensifs par nature, ont eu divers problèmes à se replier rapidement et convenablement. Bouazzi étant handicapé par un surpoids apparent, Darragi souvent trop loin de sa défense et Msakni trainant parfois les jambes ont essayé, quand même, d’apporter un certain soutien à Korbi mais ce n’était pas suffisant.
Pas assez costaud pour pouvoir faire face aux gros calibres. D’ailleurs, le coach espérantiste s’en est aperçu en seconde période et a opéré un recentrage tactique très important. L’entrée du jeune latéral droit Bilel Ben Brahim, la reconversion de Mouelhi en deuxième demi défensif contre la sortie de Dramane. Le schéma bascule en 4-2-3-1 avec Ayari seul en pointe appuyé par Darragi juste derrière ce qui a donné plus d’équilibre au milieu de terrain.
Satisfactions et déceptions
Ben Chrifia a encore confirmé tout le bien qu’on pense de lui. Il a la carrure d’un futur grand gardien. Il ne lui manque, désormais, que le travail et l’expérience pour s’affirmer comme vrai numéro 1 de l’Espérance.
Mouelhi, dévié de son poste, ne s’est pas mal débrouillé. Il est à créditer d’une sortie plus qu’honorable.
La paire axiale Ben Mansour – Hicheri continue à affiner son approche et à s’imposer comme un vrai rempart solide.
Msakni continue, quant à lui, à s’imposer comme un vrai musicien hors pair. Une touche technique magique, une disponibilité de plus en plus grande. Il a grandi le petit Youssef. Au grand bonheur des Espérantistes.
Oussama Darragi semble aller beaucoup mieux. Bon retour capitaine.
Idriss Mhirsi était la cerise sur le gâteau. Il a du talent et du culot ce petit. Il arrive à pas de géants. Maintenant, il doit confirmer. Et c’est là que le plus dur commence pour lui.
Côté déceptions, on note quelques unes quand même. Chammam ne progresse plus depuis longtemps. Pire, il régresse de match en match. Il faut vraiment le secouer lui. Peut-être qu’un petit repos lui serait salutaire. Korbi alterne le chaud et le froid. Il part, souvent, à la recherche des escarmouches. Pourtant, c’est celui qui doit être le plus calme et le plus concentré (regardez Xavi !!). Son jeu se trouve altéré par trop d’approximations et de précipitation. Il faut le recadrer notre cœur de lion.
Bouazzi a perdu en vélocité. L’excès de poids l’a, vraiment handicapé, tellement, qu’il était incapable de prendre de vitesse son adversaire pourtant lent. Il faut le dégraisser. Enfin, le rusé Dramane, opportuniste sur le premier but, il n’a pas su mettre tout son talent au service du groupe (malgré ses bons appels). Il a raté la plupart de ce qu’il a entrepris. Encore un peu de temps pour le malien.
Ratage quand tu nous prend
L’Espérance a, certes, mis 5 buts aux Sénégalais mais elle en a raté autant. Or, dans ce genre de matches, il ne faut point s’amuser à rater aussi facilement. Cela devient pénalisant à la longue. Il faut apprendre à mettre au fond, même les demi occasions qui se présentent. Cela remet en confiance tout le groupe. Il faut travailler davantage l’aspect finition surtout pour les Ayari, Dramane et Bouazzi. C’est vrai que Darragi et Msakni pallient à ça mais ce n’est que de l’aléatoire. Tout le monde doit mettre la main dans la pâte. Et cela devient impératif dans la phase des poules où les buts marqués comptent vraiment.
La fin du huis clos
Une fois qualifiés, les Sang et Or retrouveront leur public. Absent pour 2 rencontres à cause du carton rouge décrété par Hayatou et compagnie. Un retour qui doit être synonyme de plus de puissance pour les poulains de Maâloul. Les inconditionnels Espérantistes seront obligés de porter, à tour de bras, leurs protégés jusqu’à l’apothéose. Alors, soyons exceptionnels messieurs.
Iheb Ben Salem