Les choses ont changé et le football n’est plus le sujet de discussion privilégié entre les Tunisiens ces derniers temps. Il n’en demeure pas moins que beaucoup de supporters aimeraient revoir leurs équipes préférées évoluer de nouveau, après une longue interruption des activités sportives.
Cependant, le football ne nous a pas quittés longtemps, puisque dans la foulée de la révolution du peuple, la sélection nationale a réalisé un excellent parcours tout au long du championnat d’Afrique des joueurs locaux (CHAN 2011) qui s’est déroulé au Soudan. Une belle épopée ponctuée par un sacre mérité et qui a procuré une joie, pour une fois, assez mesurée chez les Tunisiens … qui avaient plutôt la tête ailleurs.
Le championnat local devait reprendre ses droits ce week-end mais la reprise a été finalement retardée à une date ultérieure. Un peu plus de deux mois de trêve. En temps normal, supporters, finances des clubs et médias auraient été les parties les plus lésées par une telle interruption, mais je vous l’avais dit : les choses ont changé. Les Tunisiens sont obnubilés par les problèmes sociaux et la vie politique. Les différentes composantes du paysage médiatique partent, elles, à la découverte d’une nouvelle programmation : débats politiques sur toutes les chaines, demandes sociales déballées à qui veut bien les entendre et des audiences qui atteignent des chiffres record… dignes d’un bon vieux derby tunisois. Vous l’avez donc compris, les caisses des clubs sont celles qui souffrent le plus : pas de droits TV, ni de recettes de billetterie, mais seulement des salaires à payer.
Alors pour y remédier, une réunion entre le bureau fédéral et les présidents de clubs a été prévue pour évaluer la situation et statuer sur la date de reprise de la compétition. Malgré les difficultés financières, il semble en ressortir que les dirigeants ne veulent pas pour autant courir des risques, en envisageant sacrifier l’apport et la présence de leurs supporters durant deux matchs, jusqu’au rétablissement définitif du calme dans le pays. Mais, pour ce faire, les responsables tiennent à la satisfaction de leurs demandes financières qui sont bien plus importantes que les revenus de la billetterie d’un ou de deux matchs.
Dans la foulée, l’on entend déjà parler d’une éventuelle demande de revalorisation des droits TV et d’un nouveau système d’attribution basé sur un appel d’offres transparent et dont le cahier des charges n’exclut pas les prétendants venant des pays du pétrodollar (suivez mon regard !).
Il est donc clair que la restructuration de notre football ne peut se faire en quelques semaines. Mais cela ne pourra pas pour autant empêcher le retour à la compétition. Le suspense, les buts, les travées remplies de supporters, les chants des uns et des autres… tout cela, avouons-le, nous manque. Les polémiques sur des penalties non sifflés et les palabres sur des situations de hors jeu non signalées ne seraient pas de trop pour une fois.
Le peuple veut revoir du foot. Une majorité silencieuse veut revoir du foot. Ah, c’est vrai… je ne dois pas parler au nom des uns et des autres … JE veux revoir du foot !
Il y a des gens qui peuvent s’intéresser à la vie politique sans pour autant délaisser leur club, leur passion ou encore leur grille de paris sportifs. On murmure même que les gains vont probablement augmenter après s’être débarrassé du racket (SIC!). Ainsi, au moment où l’on parle beaucoup des libertés, il serait judicieux de laisser aux gens le choix de définir leurs centres d’intérêt, plutôt que de rejeter la responsabilité sur le sport le plus populaire au monde.
Au final, il est donc légitime de se demander si le foot va toujours demeurer l’opium du peuple. Pour ma part, je pense que oui … mais l’addiction sera, sans doute, moindre !
Houssem Roudesly