Le match d’Alger, un avertissement sans frais
Pour son match inaugural en phase des groupes de la CAF Champions League 2011, l’Espérance Sportive de Tunis a croisé le fer au Mouloudia Club d’Alger au stade 5 juillet. Les Sang et Or, favoris sur papier, ont en définitive raté une occasion de prendre les commandes de ce groupe B que d’aucuns qualifient de groupe de la mort, et ce eu égard au résultat de parité ayant soldé la rencontre Al Ahly-WAC (3-3) jouée dimanche 17 juillet au stade du Caire.
Toujours est-il, qu’au terme de la première ronde, les 4 équipes d’Afrique du Nord se retrouvent sur un pied d’égalité, récoltant chacune un point à son compteur, avec toutefois un avantage aux marocains et aux égyptiens au bénéfice de leurs lignes d’attaque ayant marqué chacune à 3 reprises.
Contrairement à la rencontre du Caire qui fut prolifique avec un total de six buts partagés équitablement entre Al Ahly et le WAC, celle d’Alger ne fut animée que durant les 17 premières minutes qui ont vu Darragi, à la 6e, ouvrir la marque pour les tunisois avant que Magherbi ne remette les pendules à l’heure à la 17e. Le reste de la partie fut un sens unique stérile des Sang et Or qui ont excellé par un manque de sérieux et de lucidité.
Ceci nous amène à proposer à nos chers lecteurs une analyse des différents compartiments de l’Espérance Sportive de Tunis à l’entame de cette édition africaine pour laquelle la nation Sang et Or accorde un intérêt particulier. Notre analyse se base sur le 4-2-3-1 affiché comme dispositif le plus souvent repris à l’Espérance.
Une défense à renforcer inévitablement
S’il y a un compartiment qui n’arrive pas à s’élever au niveau des ambitions affichées, c’est bien celui de la défense. En effet, nous estimons que le rôle principal de notre arrière-garde reste, quand bien même, de protéger notre cage. Sur ce plan, force est de constater que les Sang et Or concèdent systématiquement un but par match, et ce depuis déjà plusieurs semaines. La paire axiale composée ces derniers temps par Hicheri et Banana est souvent prise dans le dos, souffrant d’une lenteur qui s’avère, à chaque fois fatale au pauvre Ben Cherifia, lui même un peu fébrile lors des dernières sorties du triple champion. Les frasques de Naouara ont certes permis au jeune Moez de devenir le portier n°1, grâce notamment à un talent certain, mais l’absence d’un autre gardien de valeur a, en quelque sorte, affaibli la concurrence à ce poste, devenu rapidement l’exclusivité de Ben Cherifia.
Les deux latéraux du moment, Chammem et Derbali, connaissent des fortunes diverses. Même si les deux font preuve d’une générosité dans l’effort, il n’en demeure que, techniquement, Khalilest mieux loti que Sameh. Le latéral gauche, à la différence du latéral droit, jouit d’un registre offensif plus étoffé où ses centres et ses coups de pied arrêtés sont parfois décisifs. Derbali, par contre, gagnerait à travailler davantage son rôle offensif, lui qui n’hésite pas à monter d’un cran pour un surnombre en attaque.
Toujours est-il que ce compartiment peut très bien s’étoffer avec le retour, probable, de Ben Amor au poste de latéral droit si le staff technique daigne l’ajouter à la liste, et l’imminente qualification de Coulibaly au poste de défenseur central qui, semble t-il, peut aussi très bien occuper le flanc droit. Le seul problème qui pourrait persister dans ce compartiment est celui du remplaçant du latéral gauche, où se sont relayés Ben Mansour et Afful comme solution de fortune. Pas très solide comme rechange surtout lorsqu’on sait que le jeune Ben Mansours’exprime mieux dans l’axe, où manquera à l’appel, pour un moment, Banana parti en coupe du monde des U20.
Un milieu capable du meilleur comme du pire
Composé d’internationaux confirmés, l’entre-jeu espérantiste peut et doit être plus efficace et surtout plus constant dans la manœuvre. Korbi et Traoui s’investissent à fond, sans relâche, pour la récupération et le relai et s’acquittent souvent bien de leurs tâches. Mais si Traouiretrouve agréablement ses marques, Korbi devrait se défaire de son attitude auto-vindicative qui lui joue de mauvais tours, et se concentrer beaucoup plus sur son sujet. Mouelhi, qu’on peut ajouter comme solution de rechange en l’absence de l’un des deux pivots, n’arrive pas franchement à s’élever au niveau des deux inamovibles guerriers.
De son côté, la ligne créatrice de l’entre-jeu Sang et Or formée de Darragi dans l’axe, Msakni à gauche et Bouazzi, voire Afful à droite, souffle le chaud et le froid. En effet, l’animation offensive est largement tributaire de la forme du duo Oussama–Youssef auxquels l’Espérance doit généralement son salut. Lorsque l’un des deux sort une copie quelconque, c’est toujours l’autre qui vient à la rescousse pour libérer les siens. Le pire cauchemar est de les voir tous les deux hors du coup lors d’un même match. Et quand cela arrive, l’Espérance en paye les frais et cash !
Reste le cas Bouazzi. Que dire de ce joueur, pourtant véloce et doté d’une technique de base supérieure à la moyenne. Wajdi pèche souvent par un jeu très brouillon, surtout depuis son retour de sa vilaine blessure contractée il y a un peu plus d’un an. Faisant partie de l’équipe fanion depuis trois saisons, Bouazzi n’arrive pas à se défaire de ses déchets et gestes de trop qui pénalisent énormément son évolution. Pourtant tout plaidait à une belle carrière du tout jeune kasserinnois. A ce rôle, Maâloul ne devrait pas ignorer les qualités certaines d’Afful qui peut constituer un point fort au niveau de l’entre-jeu tant le ghanéen imprègne rythme et efficacité sur le flanc droit.
Attaque, mon doux souci
Disons-le d’emblée, l’Espérance a longtemps focalisé son jeu sur le rocambolesque Michael Eneramo. le 4-2-3-1 mis en place par Benzarti fut longuement le schéma de prédilection des Sang et Or, tellement le nigérian en constituait le point d’attache de l’approche offensive. Abandonnée par Nabil Maâloul, à son arrivée, pour s’essayer au 4-4-2 classique, la fameuse tactique reposant sur un seul attaquant a vite refait surface avec comme pointe un Dramane Traoré peu à l’aise à l’intérieur du box. Aujourd’hui libéré par l’Espérance, le malien cède sa place au nouveau venu, le camerounais Yannick Ndjeng ex-sociétaire de la JSM Béjaïa, qui a fêté son baptême du feu face au MCA samedi 16 dernier. L’espoir camerounais a certes laissé entrevoir des qualités intéressantes pour une première, mais il lui faudra du temps pour s’acclimater avec ses nouveaux équipiers. Un jugement rationnel ne pourra se faire que lors de la prochaine journée de CLA, face à Al Ahly le 30 juillet prochain à radès. Mais là aussi, forc
e est de constater que les solutions de rechange ne sont pas nombreuses. Elles sont même inexistantes sachant que ni Ayari, ni Ben Hamouda ni encore moins Khenissi n’ont la stature d’un potentiel remplaçant dans un rôle où le métier et la chasse au but sont des critères prépondérants, pour mériter une place dans l’effectif de la CLA. Et à ce compartiment, seul Idriss Mhirsi pourrait aspirer à un rôle qui pourrait s’avérer utile tant ce joueur possède des qualités indéniables le vouant à un avenir radieux, à la seule condition qu’il sache saisir l’occasion qui se présenterait à lui en cette champions league 2011.
En somme, un travail colossal reste à faire pour Nabil Maâloul et son staff afin de garantir les meilleurs atouts à un effectif, en définitive, pas mal loti au niveau du onze principal mais manquant, cruellement, de doublures de valeur. Avec ce capital humain, il est du ressort du coach de composer, d’abord, la formation idéale pour cette compétition, puis trouver les renforts idoines à même de rendre l’ensemble de l’effectif capable de relever le plus attendu des défis.