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A. Haddad ou football misère

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Dès le retour de la délégation tunisienne des terres gabonaises, au terme de la participation du onze national à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2012, le patron de la Fédération tunisienne de football (FTF) s’est empressé de faire une déclaration, à une radio privée de la place, se rapportant au maintien de Sami Trabelsi à la tête des Aigles de Carthage et à l’intention du bureau fédéral de proposer le déroulement des matchs de championnat à huis clos.

Bien que nous comprenions que tels sujets restent du ressort exclusif du bureau fédéral, présidé par Anouar Haddad, il n’en demeure pas moins que leur timing et leur contexte « évaluatif » nous semblent un peu hâtifs et dénués de tout sens de réflexion.
 

En effet, la décision de reconduire ou de maintenir le coach national à son poste devrait être prise après une évaluation et une analyse approfondie des faits qui ont entouré la campagne africaine de l’équipe nationale (EN) tunisienne. Car en définitive, faut-il le rappeler, les Aigles de Carthage n’auront pas été au delà du 2è tour, réitérant une autre prestation semblable à celles précédentes, par un passé peu lointain, et qui ont soulevé un tollé parmi les spécialistes et autres critiques sportifs. C’est dire que, malgré une certaine satisfaction affichée par moments, la participation de l’équipe tunisienne à la CAN 2012 n’aura finalement pas été si différente de point de vue résultat. Anouar Haddad, « soucieux » d’assurer la stabilité aux Aigles de Carthage, semble plutôt, par sa précipitation, vouloir couper l’herbe sous les pieds de toute critique constructive et se doter du bouclier de « la sage continuité ». C’est à se demander à qui revient l’avantage d’une telle protection!

Les questions qui mériteraient d’être posées ne se limiteent pas au seul sujet du coach national, bien que nous n’ayons aucune réserve spéciale à l’encontre de Sami Trabelsi, la personne. Au contraire, l’ex capitaine et défenseur national mérite tous les égards, même si certains de ses choix, notamment au niveau de la liste définitive arrêtée par ses soins et à l’égard de l’épisode Chedly, entre autres, ne sont pas irréprochables. 

Plusieurs autres points d’interrogations accompagnent surtout l’intention du patron de la fédération de faire jouer les rencontres du championnat à huis clos. Cela a été même confirmé ce mercredi par le comité de gestion de la fédération. Bien sûr que nous gardons encore en tête les tristes incidents meurtriers qui ont émaillé la rencontre de Port Saïd en Égypte. Cela ne pourra pas si facilement être jeté aux oubliettes, tellement le sport a été bafoué, sali, meurtri par des personnes irresponsables n’ayant aucun lien réel avec le football. Les conséquences furent dramatiques et le bilan des pertes en vies humaines ne pouvait s’apparenter à de simples échauffourées entre supporters. Les temps nous prouveront que Port Saïd fut le théâtre d’une machination diabolique, ayant des dessous autres que sportifs. Plusieurs responsables de tous bords, politiques et sportifs, ont été limogés, dont fait partie Samir Zaher, le président de la fédération égyptienne de football. 

Anouar Haddad peut, et doit bien sûr, condamner ces agissements déplorables vécus dans le pays du Nil. Il peut bien sûr exprimer sa réprobation face à de tels actes. Il peut aussi s’aligner au mouvement d’indignation affiché un peu partout dans le monde. Mais « décréter » purement et simplement le huis clos dans nos contrées serait, ce que l’on qualifierait, « d’aller vite en besogne ». Ses craintes que la scène sportive tunisienne ne soit victime d’une contagion sont à la limite compréhensibles, eu égard certains dépassements dont nous « gratifient » certains énergumènes de temps à autres, ici et là.  Cependant,ce qui nous laisse perplexe, c’est cette soudaine célérité qui a caractérisé les positions du chef de la fédération à l’égard de ce point crucial, qui touche de très prés la vie des clubs, jetés à leur dépourvu depuis la saison écoulée et qui pataugent dans des crises financières à n’en plus finir. Il y va de même pour le large public, sage, privé de son passe-temps préféré durant la quasi-totalité de l’exercice écoulé.
 

Nous pensons que d’autres solutions auraient pu être envisagées. D’autres alternatives auraient dû être débattues avec les parties prenantes de notre sport favori, avant d’être précédées par la plus facile des décisions. Des matchs à présence restreinte, avec un service d’ordre approprié et une campagne de sensibilisation auprès des clubs et autres comités de supporters aurait été mieux perçus. Se donner le temps d’une constatation, sur le terrain, ne serait pas calamiteux, d’autant plus que le drame de Port Saïd a trouvé un large consensus chez nos jeunes et moins jeunes sur les réseaux sociaux.  Nous pensons que la fédération pouvait parrainer un débat sur la sécurité dans nos stades, en attendant la reprise régulière du championnat prévue le 26 février prochain. Les matchs en retard, programmés avant cette date, auraient pu constituer un baromètre pour la position à prendre vis à vis de notre football.

Anouar Haddad a lancé une pierre dans la marre. Nous ne savons pas si c’est une prémonition ou une auto-protection. En tous cas, il semble que la compassion de M. Anouar Haddad envers les victimes de Port Saïd, somme toute honorable, est plutôt précédée par une pensée à son collègue égyptien. Car entre la Tunisie et l’Égypte sœur, moult situations nous unissent certes, mais beaucoup d’autres aspects nous nuancent.

A.Mami
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