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Champion d'Afrique : une responsabilité à assumer !

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Le plus dur commence

L’Espérance Sportive de Tunis (EST) est désormais championne d’Afrique. Cette consécration est le fruit de longues années de travail, le résultat d’énormes sacrifices et le tribu d’un grand défi lancé par toutes les parties prenantes veillant aux destinées du club. Pari gagné dans la mesure où, cette saison, les Sang et Or ont réalisé avec brio ce qui n’a pu être concrétisé l’an passé, mieux, jamais dans l’histoire de la Tunisie. Un triplé dans la même saison, avec une Champions League nouvelle version, avec la participation, que nous espérons positive, en Coupe du monde des clubs et une Super Coupe d’Afrique dans le viseur : ce sera certainement une saison qui sera gravée dans la mémoire collective tunisienne, voire continentale et mondiale. À l’Espérance, on ne fait pas les choses à moitié.

Toujours est-il que ce sacre, méritoirement remporté, ne fait qu’alourdir la responsabilité du club de Bab Souika vis à vis de son nouveau statut de champion de tout un continent, appelé à confirmer son leadership africain dans toutes les compétitions qu’elle aura à disputer, à commencer par le match de demain au Japon contre Al-Sadd Sports Club du Qatar, dans une confrontation afro-asiatique au parfum d’un titre en jeu, déjà gagné par les Sang et Or en 1995.

C’est dire à quel point la tâche du doyen tunisien s’annonce ardue, sachant que se maintenir au sommet est plus dur que d’y parvenir. L’histoire, qui est un éternel recommencement, nous l’a bien montré, aussi bien les anciennes équipes tunisiennes ou celles du continent, y compris les Sang et Or en 1994, ont rarement su gérer l’après-sacre.

Aux grands challenges, les grands moyens

Le destin de l’Espérance de Tunis veut que celle-ci ne joue que pour les titres. Car à l’évidence des finalités des compétitions auxquelles les Sang et Or prennent part, il n’y a que le sacre qui les intéresse, contrairement à d’autres qui prétendent faire partie des grands. Le titre de champion de Tunisie appelle celui de l’Afrique, qui lui-même balise la route de la Coupe du monde des clubs et ouvre la porte d’un nouveau titre, celui de la Super Coupe d’Afrique. Autant de challenges qui se dressent face à un club dont l’histoire est étroitement liée aux réussites. 

Or les victoires ne peuvent être perpétuellement assurées, si le club ne remet pas en question ses capacités à conserver son leadership, à confirmer son statut de favori en puissance. Les grands challenges nécessitent de se pourvoir de grands moyens, les meilleurs possibles dans le contexte actuel. Il n’est aucunement question de se satisfaire des acquis et de s’enorgueillir. Le devoir des grands est de se donner les moyens de se renforcer, en vue des échéances à venir et qui sont susceptibles de les mener vers d’autres paliers autrement plus élevés. C’est le destin des grands, c’est le destin de l’Espérance.

Un effectif à enrichir, un état d’esprit à peaufiner

L’Espérance peut se vanter d’avoir dans ses rangs un ensemble de joueurs de qualité. Il y a certes des valeurs sûres dans l’effectif, à l’instar des Afful, Korbi, Traoui, Msakni, Darragi et Ndjeng, mais force est de reconnaître que d’autres tardent à s’élever à la hauteur des attentes de la grande famille espérantiste. Sans vouloir citer des noms, certains joueurs semblent stagner pour ne pas dire reculer. En effet, l’on est en droit de s’attendre à un meilleur visage de l’ensemble des protagonistes de l’équipe fanion, que ce soit sur le plan technique que sur celui tactique. La force d’une équipe réside dans la conjugaison des efforts au service de l’approche collective. La force mentale et la capacité de concentration, l’esprit d’équipe sont autant d’éléments qui forgent le caractère d’un ensemble non seuelemt confiant, mais aussi serein, capable de surmonter tous les défis imaginables, à commencer par des adversaires supposément invincibles … sur papier.

Or, il y a beaucoup à redire sur les qualités de l’effectif actuel, qui reste bien sûr perfectible et à améliorer. D’aucuns ont remarqué que lors de certains matchs clés, l’équipe n’arrive pas à aller au bout de ses intentions, malgré la nette domination imposée par le groupe. Les Sang et Or ne sont pas arrivés à matérialiser leur ascendant dans plusieurs matchs de Champions League, comme ce fut le cas contre le Mouloudia Club d’Alger (MCA), en déplacement, ou encore lors des quatre confrontations face au Wydad Athletic Club (WAC). Même contre Al Ahly SC, les protégés de Maâloul ont éprouvé toutes les difficultés du monde à Tunis pour venir à bout d’un ensemble cairote, pourtant loin de sa forme d’antan.

Certes, la jeunesse relative du groupe peut expliquer sa fébrilit
é face à des enjeux aussi grands, mais cette soi-disant excuse avait plus d’essence dans les années 60-70. Aujourd’hui, l’Espérance ne peut point se permettre de se rabattre sur un tel alibi, si elle veut garder voire viser une hégémonie sur le continent et réussir justement là où ses adversaires auront échoué.

Faire face à la musique

Même si l’attrait du club pour les meilleurs joueurs aussi bien en Tunisie qu’en Afrique, voire ailleurs, est incontestable, vu un standing qui a de tout temps été le sien, l’on ne répètera pas assez l’impact de la globalisation, qui a touché en premier lieu le football, avec une circulation plus accrue des joueurs à travers les clubs, les pays et les continents. Le business des joueurs a explosé, rendant ces derniers, du moins les meilleurs, non seulement inaccessibles, mais pis encore difficiles à garder. Et si la réussite de l’équipe fanion réside dans sa capacité de se renouveler et de se réinventer, celle du club, quant à elle, doit son succès à une organisation professionnelle, loin des aléas de la pluie et du beau temps, voire des sauts d’humeur, de la générosité ou de la folie amoureuse d’un mécène, d’un président. Ce modèle non seulement ne peut-il être soutenu à moyen et long terme, mais il est définitivement voué à l’échec.

Sans entrer dans les détails, puisque chaque élément représente un sujet à développement à part, voire un projet à lui seul qui demande beaucoup d’attention et d’investissement, les facteurs de succès qui sauront garder l’Espérance au sommet, voire la propulser vers d’autres paliers qui la rendront injoignable, sont les suivants :

1- Au niveau de la gestion sportive :
a. le renforcement du groupe Seniors, notamment sur le plan offensif, par des joueurs capables de prendre immédiatement le relai de ceux appelés, malheureusement, à quitter le club ou même à être titularisés malgré leur méforme, faute de bon remplaçants : s’assurer par ailleurs de garder/trouver un leader est fondamental ;

b. la stabilité du staff technique, même en périodes de doute, est essentielle, encore faut-il savoir faire des choix solides et cohérents : Maâloul et son staff devront à ce propos faire preuve également d’humilité et renouveler leur capacité de surpassement à chaque épreuve, sans trop se compliquer la vie avec des choix tactiques et de joueurs des fois tirés par les cheveux ;

c. la formation des jeunes, non seulement sur les plans technique, physique et tactique, mais aussi mental : la qualité des entraîneurs-formateurs et du projet de formation tracé par un responsable compétent en la matière devient vital ;

d. la détection, l’enrôlement et l’intégration des meilleurs joueurs sur le territoire tunisien et celui des pays limitrophes, voire du continent africain : le développement d’un réseau bien ramifié et l’affectation de la responsabilité et des ressources à une entité compétente est indispensable.

2- Au niveau de la gestion du club :
a. La professionnalisation et par suite la responsabilisation plus articulée de l’ensemble des composantes administratives du club est un passage obligatoire : il est même urgentissime ;

b. L’injection et le recours à de nouvelles ressources financières, sans parler de leur saine gestion, est une exigence incontournable : si le développement de produits et services dérivés est ce qui fait de mieux actuellement dans le monde, il ne faut surtout pas oublier la raison d’être du club, soient ses supporters … les abonnés en particulier ;

c. La valorisation de l’image de marque du club se fait non seulement par le gain fréquent de titres sur le double plan national et international, mais aussi à travers une stratégie de communication à la hauteur et ce, avec toutes les composantes internes, notamment les supporters, et externes au club : être avant-gardiste à ce niveau n’est pas un luxe, mais une nécessité.

En conclusion, cet essai se veut un rappel du long chemin qui attend l’Espérance dans sa quête renouvelée vers l’excellence. Le statut de champion d’Afrique … voire même de champion du monde, encore faut-il y croire – a-t-on parlé d’état d’esprit plus haut ? – ne doit aucunement nous faire oublier
les limites, difficultés et faux-pas à reconnaître, analyser, solutionner, améliorer et éviter. Le futur proche et par suite lointain de notre club et de son équipe fanion n’en sortiront que grandis. À bon entendeur, salut !

A.Mami et K.Bamri

 

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