Il y a des matches où l’on sent, dès le départ, que les choses n’évoluent pas bien. Que l’équipe n’est pas dans son élément. Face au CAB, c’était le cas de l’Espérance Sportive de Tunis (EST). Une sortie ratée sur tous les plans et une défaite qui remet les pieds de certains sur terre. Nous allons essayer d’analyser les principales raisons de cette déconvenue pas du tout surprenante.
Avant le match : Un groupe scindé
Le départ de 5 joueurs vers le Japon, avant le reste de la délégation était une contrainte pour le club. Et elle a eu un effet implicite mais certain sur le collectif Sang et Or avant d’aller affronter le CAB. Déjà les spéculations sur qui ira et qui restera semble avoir alourdi les jambes de certains joueurs. Le fait de voir, déjà, 2 réservistes inutilisés (Mhirsi et Ben Amor) partir au pays du soleil levant a signifié, pour certains, qu’ils ne seront pas de la fête. L’on pense ici, surtout, au jeune Ben Salem, titulaire pour la seconde fois de suite et qui a, totalement, raté sa sortie malgré toute sa bonne volonté. Aurait-il été plus sage de ne pas divulguer ces noms avant le coup d’envoi du match ? Nous pensons que oui. Le BD aurait mieux fait de les faire voyager en toute discrétion. Nous pensons que cela aurait été plus bénéfique au reste du groupe. Cela aura servi à les convaincre que cette rencontre était un test final avant de fixer la liste des mondialistes ce qui leur aura, probablement, permis de se concentrer plus sur leur sujet.
Le match : Un cumul d’erreurs
Entre les choix tactiques de Maâloul et la petite performance des cadres, l’Espérance ne pouvait que présenter un visage aussi pale.
Le coach a reconduit le même schéma de départ que celui de la première mi-temps face à l’USMo. Un trio d’animation offensive avec Afful au rôle axial. Or, cela n’a pas fonctionné contre l’USMo, pourquoi devait il marcher face à un adversaire, nettement, plus coriace et, de surcroit, dans son propre jardin? N’aurait-il pas été plus judicieux d’opter pour un 4-4-2 avec un milieu en carré comme la deuxième mi-temps contre l’USMo ? Là on avait vu l’équipe s’exprimer mieux sans être condamnée à ne jouer que sur les couloirs. L’axe du jeu était complètement stérile et les nordistes ont bien garni les couloirs pour casser la machine espérantiste. Maâloul leur a offert la solution sur un plateau.
Mais ce n’est pas tout. Car l’Espérance a réussi, quand même, à marquer sur une incursion des couloirs et un relais entre Ndjeng et Derbali qui a servi Msakni dans l’axe du but. La deuxième mi-temps a été une copie carbone de la première avec, en plus, un invité lourd: Les fautes élémentaires. Des fautes qu’on croyait révolues où un axial rate une relance alors qu’il avait, au moins, quatre solutions possibles ! Des fautes de couverture où l’on voit un attaquant se faufiler dans l’axe sans que personne ne vienne s’y interposer avant la surface pour finalement contraindre le pauvre Derbali à la faute et à la sanction suprême. A ce point le coach était satisfait de la première période pour continuer dans la même configuration ?
Il faut dire, aussi, que de l’autre côté l’adversaire n’a pas démérité. Les requins du nord, toujours coriaces dans leur fief n’y sont pas allés de main morte. En choisissant le pressing haut sur l’arrière garde espérantiste, Kanzari savait parfaitement qu’il pouvait pousser les défenseurs Sang et Or à la faute d’autant plus qu’en l’absence de Traoui les pivots espérantistes avaient du mal à relancer proprement le ballon. Il a bien vu et il a bien joué son coup. Avec des jeunes très agressifs (correctement d’ailleurs), tels Harbaoui, Hadhria et autre Zway, il a mis à nu les sérieuses difficultés de la défense Sang et Or à l’aube de son aventure mondialiste. Maâloul a du pain sur la planche.
Les fausses notes
La première fausse note est au crédit des responsables du stade 15 octobre. On a vu une pelouse en piteux état. Le ballon ne pouvait circuler 3 mètres de suite sans faire des rebonds. Une situation qui défigure le jeu avec un ballon qui change de direction et de vitesse à chaque rebond. Ceci est de nature à handicaper le jeu collectif prôné par Maâloul. Les Sang et Or étaient, visiblement, gênés par l’état de la pelouse et cela s’est vérifié durant toute la rencontre avec des contrôles, des passes et des centres ratés sur tout le terrain. Le football progresse en Tunisie dites vous ? L’on se demande comment la fédération a pu homologuer un tel terrain ? Et puis, les bizertins eux-même n’ont-ils pas droit à une pelouse digne de ce nom ?
La seconde fausse note est au crédit de certains supporters nordistes qui ont saccagé le bus de l’Espérance sur le chemin du retour! L’on ne sait pas pourquoi, surtout que leur club a gagné méritoirement. Est-ce un acte isolé de certaines âmes légères, ou est-ce un signal que personne n’est la bienvenue à Bizerte ? Que diront-ils si leur club se trouve victime du même traitement lors de l’un de ses déplacements ? Suite à ces évènements déplorables, les responsables du football Tunisien doivent se poser la question la plus évidente : ont-ils eu raison d’autoriser le retour du public aux stades ?
La dernière fausse note est au crédit de la paire Msakni – Bouazzi. Il s’agit des deux joueurs les plus sollicités en l’absence de Darragi. Ces deux joueurs se doivent de soigner leur jeu collectif et d’éviter l’excès d’individualisme dont ils font preuve dernièrement. Que ce soit Msakni ou Bouazzi, malgré toute leur générosité sur le terrain, cette tendance à faire le geste de trop ou à tenter la pure folie sur un terrain de foot n’est pas appréciée outre-mer. Si chacun d’eux rêve de monnayer son talent au vieux continent, il devrait faire preuve d’altruisme et de fondre dans le moule. Parce qu’en définitive, le football est un sport collectif.
A bon entendeur, salut !