Le match qu’il fallait gagner
Les puristes disent toujours qu’une finale ne se joue pas, elle se gagne! En fin de soirée de ce samedi 12 novembre, l’Espérance Sportive de Tunis (EST) a confirmé cette citation. L’Espérance n’a effectivement pas joué cette finale, comme tout Sang et Or l’avait imaginé ou attendu, mais elle l’a gagnée. Quoi de plus édifiant pour justifier, encore une fois, la grandeur de cette formidable équipe espérantiste?
Les Sang et Or auront, durant cette campagne africaine 2011, tout démontré. De la patience dans le travail, de l’apprentissage d’un football sacrément collectif, de l’application, de la maîtrise et finalement du métier. Ce soir, et à défaut d’un football plaisant, posé et réfléchi, l’Espérance du méritant Maâloul a fait preuve de beaucoup de métier, dans la mesure où, en ayant sorti la pire copie de cette Champions League à domicile, elle a quand même eu le mérite de remporter le match qu’il fallait absolument gagner.
L’apothéose d’une saison exceptionnelle
L’histoire retiendra certainement cette extraordinaire saison 2010-2011 imprégnée par l’hégémonie espérantiste sur le plan local et sur le plan africain. Depuis une certaine première journée retour de la Ligue 1 tunisienne, coïncidant avec une cinglante défaite face à l’Étoile Sportive du Sahel à Sousse (5-1), juste après la prise en fonction de Maâloul, l’Espérance a profité d’une longue trêve, due à la révolution du 14 janvier, pour se refaire une santé, sous la houlette de son nouveau coach. Maâloul, nommé initialement par Hamdi Meddeb en tant que Manager général du club, et dont la désignation aux affaires techniques de l’équipe après le départ de Kanzari n’a pas fait l’unanimité, a bénéficié de la confiance et du soutien de son président, pour mettre sur pied l’équipe qui a fini par remporter haut la main un doublé local et finalement par y joindre méritoirement le prestigieux titre africain de l’Orange CAF Champions League : le « grand chelem » pour une saison assurément exceptionnelle.
Une nouvelle dimension, un nouveau challenge
« Remporter le championnat de Tunisie est chose courante à l’Espérance. Je suis là pour aider l’équipe à gagner la Ligue des Champions. C’est le défi qui nous attend. Nous avons un groupe de joueurs d’un bon niveau et je suis persuadé que le travail et rien que le travail donnera à l’Espérance une autre dimension. » C’est en ces termes que Nabil Maâloul s’est adressé au public espérantiste pour expliquer la mission dont il a été investi.
Après la trêve et malgré des débuts balbutiants, aussi bien localement que sur le plan africain, les spécialistes soulevaient déjà un nouveau « visage » chez les Sang et Or. Les consultants sportifs se relayaient, d’une semaine à l’autre, sur les plateaux TV pour s’émerveiller d’une nouvelle « touche tactique » mise en place par Maâloul.
« L’Espérance, disaient-ils, présente un football plus réfléchi, basé sur une approche défensive et offensive fortement collective. » Cela se vérifiait de match en match. L’équipe adoptait une attitude différente selon l’adversaire et selon le contexte des rencontres, tout en étant fidèle à sa nouvelle approche faite d’application et de solidarité. Vers la fin du championnat et en coupe de Tunisie, l’Espérance plaisait à voir. Elle alliait à chaque fois la manière au résultat, en y ajoutant une audace qui déboussolait ses concurrents. Le reste ne fut que merveille, puisqu’aussi bien le championnat que la coupe ont atterri au local de Bab Souika.
La cerise sur le gâteau nous fut offerte ce samedi, lorsque la bande à Maâloul apprivoisa la capricieuse « dame champions league », pour nous donner la preuve, si besoin est, que l’Espérance a effectivement gagné une nouvelle dimension. Elle ira en décembre prochain croiser le fer aux plus prestigieuses équipes du monde, au pays du soleil levant. Pour l’instant, nous fêtons dans la liesse notre brillante victoire en Ligue des champions, en brandissant tout haut notre nouveau slogan: Japon, on arrive !