Quand on réussit des matches de grande envergure, il est toujours très important d’en capitaliser les progressions. En faire un nouveau repère à la recherche du plus haut. Et ce que l’Espérance a réussi à réaliser au Caire relève, sans doute aucun, de ce registre de matches légendaires. Ne l’étant pas par le résultat, somme toutes ordinaire, ce le fut par l’état d’esprit.
La manière d’appréhension de la rencontre et de la gestion des débats par les Sang et Or dénote d’une certaine maturité autour de laquelle il serait opportun d’édifier la nouvelle approche de jeu. Un nouveau sens du collectif à base de solidarité, d’abnégation et d’altruisme renaît au parc B. Autant de bonheur pour tout le monde.
Cette nouvelle approche aura l’opportunité de se consolider ce weekend à l’occasion du premier acte de la demi finale CAF Champions League 2011 qui verra les protégés de Maâloul faire le voyage au Soudan pour y affronter « Sid El Balad » ; Al Hilal Oum Durman. Une vieille connaissance du football tunisien en général et de l’Espérance en particulier.
Deux statuts distincts
S’ils sont à ce stade, c’est que les Soudanais n’ont pas démérité. Al Hilal a, depuis longtemps, fait partie des joutes majeures du continent. Et même si ce fut sans aucune consécration, le club phare du pays des deux Nil n’en a pas été aussi loin. Outsider régulier, Al Hilal n’a jamais réussi à franchir le cap de ce statut. Le doyen des clubs Soudanais a, toujours, présenté un football de belle facture sans, pour autant, réussir à gagner des galons de mérite sur le continent. Il demeure, quand bien même, un adversaire très redoutable quand il est dans son jardin d’Oum Durman. Il s’appuie, essentiellement, sur un public acharné (Ultra Blues) et sur une poignée d’internationaux rompus aux grands chocs.
Sous la baguette de l’infatigable Haytham Mustapha, un vieux briscard qui a, souvent, fait la pluie et le beau temps chez lui. Avec des professionnels bien rodés tels que le solide défenseur Malien Barry Demba ou le virevoltant Edouard Sadomba en passant par l’ex-sociétaire du CSS, Ibrahima Touré. Un club qui présente tant d’arguments stagne, pourtant, dans la peau de l’outsider à cote élevée. Ceci est dû à une certaine instabilité chronique des footballeurs Soudanais incapables de réaliser deux sorties consécutives de haut niveau, surtout en déplacement. Car, et à l’appui des statistiques, Al Hilal est très vulnérable hors de ses bases.
De l’autre coté, en ayant éliminé Al Ahly du Caire, l’Espérance s’est replacée comme étant le favori numéro 1 de la compétition. Un statut qui a, longtemps, représenté un handicap de taille pour le bastion de Bab Souika. Un statut qu’il est bien temps d’assumer pleinement, tant les arguments sont là.
L’Espérance sait voyager. L’Espérance est intraitable « at home ». L’Espérance dispose d’une panoplie de joueurs, entre magiciens, ingénieurs et baroudeurs, capables de franchir n’importe quel obstacle sur un terrain de foot. Le tout si, bien sûr, l’équipe est bien sur orbite. Le cavalier Sang et Or est, aujourd’hui, en droit de se proclamer maitre de son destin et de celui des autres. Il est temps, pour cet effectif, de se hisser au niveau du potentiel en place et d’atteindre le rythme de croisière en toute quiétude. Mais le temps n’est pas au repos. Le club doit travailler d’arrache-pied pour taper fort sur la table et imposer son hégémonie. Le temps des attentes est révolu à jamais. Alors, autant prendre le taureau par les cornes et affronter son destin de champion avec humilité, promptitude et foi pour ne pas avoir de remords en fin de parcours.
Solidarité absolue
Après l’épisode regrettable du match EST – MCA, le virage sud a fait son méa-culpa. C’est une occasion en or pour plier la page du passé et en ouvrir une autre toute blanche. Une opportunité pour consolider la solidarité et la cohésion entre toutes les composantes du club. Cela a commencé entre les joueurs et on a pu le vérifier lors des deux dernières sorties de l’équipe.
Le temps est maintenant aux autres composantes de faire leurs preuves. Et si le bureau directeur ne rechigne pas à l’effort, mettant tous les moyens nécessaires sur la table, c’est au tour des supporters de l’Espérance de remettre de l’ordre dans leurs rangs et de se serrer les coudes en vue de hisser le club vers le sommet auquel il est destiné. Car un grand club mérite bien un grand public. Et le public Sang et Or en est un. Au besoin, il l’a démontré plus d’une fois . Maintenant, il doit le démontrer dans la continuité et à jamais. Plus de temps pour les petites querelles intestinales. Ce qui prime c’est le devoir de supporter le club.
Ne pas vendre la peau de l’ours …
L’Espérance est bien là ! A deux pas du sacre. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut crier victoire. Le club est un favori logique. Mais entre le statut de favori et celui de champion il y a tout un chemin à faire. Des pas à franchir. Il faudra du sang, de la sueur, du sacrifice, de l’intelligence, du surpassement, de la foi et un brin de chance pour espérer épingler le trophée suprême. A commencer par ce weekend en terre hostile et devant un adversaire dur à manier chez lui. Toute la vigilance est requise pour sortir lauréats de ce piège en haute voltige.