Le nouveau patron de la Fédération Tunisienne de Football est connu de tous comme étant un homme franc, direct et surtout bon rigoleur, n’hésitant jamais à placer une anecdote sur un sujet ou un autre, se cachant souvent derrière une plaisanterie pour fuir une question embarrassante. Cela s’est surtout vérifié lorsqu’il était président de la Ligue Nationale de Football.
Et même, en tant que président de la fédération depuis sept mois, ses débuts étaient accompagnés du même humour qui a fait de lui un personnage plutôt sympathique.
Mais comme les temps changent, ses dernières apparitions médiatiques nous ont montré une personne fortement embarrassée par les revers à répétition subis par l’équipe nationale depuis son avènement à la tête du bureau fédéral, ou plus exactement depuis sa décision de nommer Bertrand Marchand sélectionneur national.
Ayant senti qu’il s’enlisait de plus en plus, du fait des prestations de l’équipe nationale plus médiocres les unes que les autres, Ali Hafsi s’est empressé de limoger son protégé pour tenter de sauver sa face, largement entamée auprès des instances sportives et du large public tunisien.
C’est que la situation des aigles de Carthage, sous sa conduite, semblait de plus en plus compromise dans un groupe comportant le Botswana, le Malawi, le Tchad et le Togo. Une deuxième place est en effet loin d’être acquise pour assurer la qualification à la CAN 2012. De quoi s’attirer toutes les contestations du monde !
Le début de la manoeuvre
Or, Ali Hafsi, en fin tacticien, sait pertinemment comment regagner la confiance d’un milieu sportif, pour lequel le jeu de l’humour est désormais révolu, en proposant une commission de recherche d’un futur sélectionneur dont le profil était bien concocté par lui même, portant prioritairement sur la nationalité tunisienne. D’ailleurs la déclaration qu’il a faite sur les ondes de Mosaïque FM lors d’une émission sportive, allait être le déclencheur d’une manœuvre menant, inéluctablement, à un plébiscite en faveur de Faouzi Benzarti tel qu’il le fut lors de la CAN 2010.
La preuve de la préméditation
Prenant les devants sur « sa commission technique », et profitant de sa présence à Abu Dhabi pour assister à la coupe du monde des clubs, Ali Hafsi a tenu à faire part à Issa Hayatou de ses préoccupations concernant les sanctions infligées par la CAF à Faouzi Benzarti « oubliant », au passage, celles dictées à l’Espérance Sportive de Tunis suite aux incidents ayant émaillé la finale retour de la champions league. Ali Hafsi savait-il qu’il ne pouvait négocier les deux sanctions face au « maître suprême » Hayatou, s’en est limité à une seule négociation.
Au risque de rentrer bredouille, il décide de vendre l’Espérance Sportive de Tunis au profit de son futur sélectionneur. Il finit par avoir gain de cause : Benzarti est blanchi, alors que les Sang et Or ont vu leurs sanctions maintenues. Pour Ali Hafsi, un problème épineux venait d’être résolu. La légitimité de Faouzi Benzarti ne pourra pas être remise en cause pour se présenter comme potentiel coach des Aigles de Carthage.
Après moi, le déluge !
Le patron de la fédération pense ainsi avoir sauvé sa face. Aux yeux de qui? Au profit de qui? Les jours nous le diront certainement. Il a fait son choix et ne pourra le justifier qu’en désignant l’ex entraîneur Sang et Or à la tête de l’équipe nationale. Sinon pourquoi se serait-il investi à une requête aussi aléatoire si ce n’est pour avoir une carte en règle vis à vis des instances compétentes de notre sport.
Mais ce que nous devons dire à Ali Hafsi, c’est que l’Espérance Sportive de Tunis, une institution plus vieille que la Fédération Tunisienne de Football, est un symbole de l’honneur et de la bravoure qui sont les principes de ce grand pays. Le club a été, et sera, conduit, dirigé, aimé et adulé par des hommes d’honneur. L’Espérance Sportive de Tunis saura reconnaitre les siens tant qu’elle durera, et tant que ses grands dirigeants seront là, à la servir et à la préserver de tous les coups bas de ceux qui s’obstinent à lui faire preuve d’ingratitude. Cette espérance qui vous a donné sa voix pour conforter votre élection, cette espérance qui a libéré son coach, Faouzi Benzarti en l’occurrence, au profit de l’équipe nationale alors qu’elle était en pleine compétition africaine, justement là où elle fut meurtrie par un arbitrage scandaleux puis récemment lynchée par les sanctions de la CAF, cette espérance ne cessera pas d’exister et continuera à porter le drapeau de la Tunisie, n’en déplaise à votre personnage !
Vous avez choisi. Vous ne pourrez plus vous rattraper. Eh bien soit ! Votre ignoble troc sera à jamais gravé sur votre face tant que vous serez à votre poste. Nous ne l’oublierons jamais.