Du rôle d’adjoint, à l’aboutissement d’un rêve
Dès la confirmation de la séparation entre l’Espérance Sportive de Tunis (EST) et son coach Faouzi Benzarti, les supporters Sang & Or s’attendaient, pour la plupart en tous cas, à l’annonce d’un nouveau nom ou éventuellement d’une piste d’entraîneur de renommée pour prendre en main les destinées de l’équipe professionnelle. Finalement, ce fut Maher Kanzari qui s’est vu attribuer cette tâche, secondé par Skander Kasri, l’actuel directeur technique du club.
Décision sage pour certains, circonstancielle pour d’autres, toujours est-il que le bureau directeur, et à sa tête le président Hamdi Meddeb, a voulu donner sa chance à Maher Kanzari, lui qui était pendant quatre ans « l’adjoint », porteur d’un rêve qui le caressait depuis un long moment déjà.
Une chance à saisir
Sans verser dans le sentimentalisme ni tomber dans l’hypocrisie, disons-le tout de suite, l’Espérance de Tunis est un club dont les victoires, les sacres, les participations aux compétitions à grands enjeux font partie de sa culture et de son quotidien. Et ce ne sont pas d’autres victoires sur le plan local qui feront de Maher Kanzari le messie attendu. Il l’aura vérifié aux dépens de Cabral, de De Moraïes et tout récemment de Faouzi Benzarti.
Comme quoi nul n’est prophète en son pays! La grande famille Sang et Or sait ce qu’elle attend de son nouvel entraîneur en chef et lui-même ne sait que fort bien ce qui se profile à l’horizon. Être le coach de l’équipe la plus prestigieuse du pays n’est pas chose aisée eu égard aux multiples défis auxquels s’incruste cette culture espérantiste : vaincre et convaincre. Et c’est à partir de cet état d’esprit que l’ex entraîneur adjoint devra justifier la confiance placée en lui.
L’on ne s’attendra évidemment pas à des monts et merveilles dès les premiers matchs malgré une double victoire face à l’ESHS et l’USBG, car la pression autour de lui sera lourde à supporter, sachant qu’un vieux briscard vient de lui « céder » la place. Toujours est-il que sa chance, à très court terme, résidera surtout là où son prédécesseur aura échoué, à savoir la gestion d’un groupe dont les principaux acteurs ne furent guère ménagés depuis l’avènement de Benzarti, malgré la richesse notoire de l’effectif et les différentes possibilités qu’il offre quant à la participation et l’apport de chaque joueur qui le compose.
Il est donc impératif pour Maher Kanzari de trouver, à court terme et en vue du moyen terme s’il venait à être confirmé, les solutions de rechange que Benzarti s’obstinait à ignorer et qui prouveraient, si besoin est, que l’Espérance Sportive de Tunis peut être autrement plus perfectible. C’est là, à mon humble avis, le sens de la chance qui s’offre ainsi au nouveau coach.
Le rôle prépondérant du public
Il est évident que derrière tout grand club, il y a un grand public. Celui de l’Espérance Sportive de Tunis a su se démarquer de ceux des équipes rivales. Les Sang & Or ont donné une autre vision du supporter, une autre conception de l’appartenance, une autre approche de l’identité sportive. Notre public ne se suffit plus des réussites en compétitions locales, somme toute devenues habituelles, tant son équipe fanion domine ses adversaires laissés au dépourvu. Les supporters tendent vers le mieux: justifier le statut d’un ténor de l’Afrique.
Ceux-là même se trouvent aujourd’hui entre deux avis. D’un côté, ceux qui approuvent la nomination de Maher Kanzari et qui voient en lui l’homme de la situation, de par sa présence et sa proximité des joueurs depuis un long moment et suite à son expérience auprès des différents entraîneurs qu’il a secondés, et de l’autre, ceux qui pensent que l’ex adjoint n’a pas le « vécu » nécessaire pour légitimer son intronisation au poste d’entraîneur en chef des Sang & Or.
Il devient alors inéluctable de rappeler à notre cher public que « le pèlerinage commence toujours par un premier pas ». Maher Kanzari est aujourd’hui aux commandes et notre rôle est de l’encourager dans sa nouvelle mission. Il est de notre devoir de lui accorder le temps nécessaire pour l’aider à mettre en œuvre son projet tant rêvé. Soyons unis autour de lui et peut-être que nous aurons découvert que le coach recherché était en fait tout proche de nous.
A. Mami