Si l’Espérance Sportive de Tunis est sur le toit du football Africain, si elle domine outrageusement la compétition nationale et si elle est la légende du foot tunisien, c’est, entre autres et surtout, grâce à la passion et la ferveur d’une majorité de la population tunisienne qui s’identifie aux valeurs et couleurs de cette équipe.
La Tunisie, compte certes d’autres grandes équipes, mais aucune ne peut se targuer de pouvoir mobiliser le pays entier lors de ses grands rendez vous, aussi fréquents soient-ils. Les plus exigeants diraient certainement que cette situation est l’optimum auquel tend toute équipe sportive. Seulement, depuis quelques années, le public sang et or nous offre des démonstrations d’attachement à son club, dignes de la réflexion des plus grands sociologues des temps modernes. On a toujours su et admis que le public du foot en Tunisie est un public versatile, soutenant en masse en cas de bonnes performances et fortement boudeur en cas de débâcles sportives.
Cette réalité, le public sang et or l’a modifiée depuis quelques années et les exemples ne manquent pas. Le nombre d’abonnés de l’Espérance avoisinant les 20 000 depuis deux ans ne souffre d’aucune comparaison avec ceux des autres « grands » clubs Tunisiens qui dépassent rarement les 7 000 abonnés par saison. Les sang et or s’engagent à soutenir leur équipe pour le meilleur et pour le pire, un engagement ferme pris avant même le début de saison. La preuve, un mercredi 04/03/2009, au lendemain d’une défaite 3-0 lors d’un derby avec tout ce qu’un derby suppose d’attentes et de passions, les sang et or étaient 30 000 sur les travées du stade olympique d’El Menzah pour soutenir leur équipe jouant un match de qualification en Champions League Arabe. Quand on ajoute à ces circonstances un temps ultra pluvieux, un froid de canards et une importante chute de grêles, on se rend facilement compte de l’ampleur de l’attachement de ce public à son équipe.
Comprenant que la force indomptable de l’Espérance est puisée de son public, les détracteurs de cette équipe n’ont pas mis longtemps à changer de fusil d’épaule dans leurs stratégies futiles visant à nuire au club. Après les pleurniches devenues comiques à propos d’un arbitrage virtuellement favorable, d’un calendrier favorable, de la performance « étrangement » parfaite de ses joueurs, de ses recrutements « trop souvent judicieux », c’est désormais, au public sang et or que les ennemis de l’Espérance s’attaquent. Des tables rondes sont organisées pour fustiger et intensifier le moindre incident mettant en cause le public sang et or. Les courtiers de l’éthique et du fairplay s’autoproclament juges et parties pour condamner le public sang et or sur la base de versions distordues de la réalité, tout en ignorant magistralement les catastrophes souvent causées par le public sportif des autres équipes.
Dimanche dernier, lors de la demi finale retour de la Orange CAF Champions League, ces mêmes courtiers du fairplay se frottaient les mains d’avance en pensant à l’aubaine qui se présenterait à eux en cas d’incidents parmi le public sang et or. Incidents qu’ils estimaient inévitables après toutes les polémiques et tergiversations autour des incidents du match allé au Caire. Les plus optimistes des sang et or craignaient aussi le moindre dérapage, des craintes découlant non pas d’un manque de confiance en la sportivité de leur public, mais de l’alibi que donnerait le moindre incident aussi insignifiant soit-il à ces charognards pour altérer l’image de l’Espérance et des sang et or.
C’était sans compter sur l’immense conscience et attachement du public sang et or aux intérêts de son équipe. Ils étaient près de 50 000 supporters espérantistes dimanche soir à Rades, ils étaient en ébullition pendant 90 minutes. Leur voix, scandant leur amour pour leur club, a transcendé les joueurs pour arracher la qualification en finale de la compétition continentale majeure des griffes du club du siècle en Afrique. Mais à aucun moment, ils n’ont quitté la voie du supporter parfait. Aucun incident, aucune chanson provocatrice ou antisportive, aucun geste d’hostilité envers les joueurs et public visiteurs. Répondant positivement aux appels à la « sur retenue » du bureau directeur, le public sang et or a, encore une fois, démontré toute sa conscience des intérêts de son équipe et a déjoué les plans des chasseurs en eaux troubles.
Les concurrents de l’Espérance méditeront encore plus sur les raisons de sa supériorité. Ils y apprendront des astuces pour grandir à leur tour. Mais ce qu’ils ne pourront certainement pas imiter, c’est l’immensité de son public et son attachement infaillible aux couleurs sang et or. Car pour y arriver, il faut tout un siècle de légende et de culture de la gagne. Entre temps, l’Espérance aura atteint un palier supérieur.
Merci chers Sang et Or !
H. Sraîeb