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A la mémoire de Hédi Berrekhissa

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14 ans après, Balha est toujours dans nos coeurs

Nous aurions connu Balha discret, timide, généreux et tendre comme un brise. Mais quand il s’agissait de son Espérance, de notre Espérance, il devenait un lion indomptable. Intraitable, engagé, fair-play, solide. Un vrai Sang et Or. Il l’était jusqu’à la moelle. Et il y était pour graver son nom avec une plume d’or dans le livre des grandes légendes Espérantistes. Il eut la chance de côtoyer les héros de la grande épopée pour orner sa vitrine par le plus grand des trophées. Il gagna tout avec l’Espérance. Mais, surtout, il gagna un amour indéfectible de la masse espérantiste. Une reconnaissance éternelle et un brusque départ qui resteront, encore et toujours, gravés dans nos mémoires.

un 4 janvier maudit

C’était une journée froide et terne de janvier 1997, le 4 en fin d’après midi pour être plus précis. Feu Hedi Berrkhissa, cœur de lion, revenait petit à petit à son niveau de performance habituel après un passage à vide ressenti par toute l’équipe.

Le théâtre du drame est le stade Chedhly Zouiten, les acteurs : l’Esperance Sportive de Tunis et l’Olympique lyonnais, le cadre : les deux formations peaufinaient leurs préparations de la trêve hivernale. Près d’un millier d’inconditionnels Sang et Or ont bravé le froid de la journée pour venir assister à la rencontre. Personne ne pouvait prédire la tragédie que le destin mettait en marche.

On jouait les arrêts de jeu lorsque sur une action anodine, Cœur de Lion s’est effondré prés de la ligne médiane juste en face des supporters de la pelouse. Personne n’a pensé au pire et le jeu continuait ne serait-ce les cris et gesticulation de l’attaquant Badraoui. Je vous laisse lire la description de ces dernières minutes tel que rapportées au journal l’équipe par le joueur et le médecin de l’OL Christophe Cocard et Jean Marcel Ferret :

« Alors que l’on jouait les arrêts de jeu, le joueur s’est effondré sur la pelouse. Christophe Cocard, à ses côtés, raconte : « Personne ne l’a touché. Il est tombé comme ça. A terre, il a été victime de convulsions. Ses yeux roulaient. C’était dramatique et impressionnant. Moi, je croyais qu’il avait avalé sa langue. Il s’étouffait. » Le docteur de l’OL, Jean Marcel Ferret, présent sur le banc, s’est aussitôt porté à son secours. « J’ai tout de suite vu qu’il s’agissait d’un arrêt cardiaque. Il a été pris de trismus, c’est une réaction logique de l’organisme qui bloque la mâchoire dans ce genre d’accident. On lui a sorti la langue et, avec des massages cardiaques, il est un peu revenu à lui avant de replonger. »

A l’arrivée de l’ambulance du SAMU sur le terrain, Hédi Berrekhissa était dans le coma. Les infirmiers l’ont aussitôt ventilé puis intubé, une perfusion a même été mise en place, mais, selon le docteur Ferret, « il n’y avait déjà pratiquement plus rien à faire ». Le joueur est décédé en effet à la clinique où il a été transporté. »

Pendant ce temps, un sentiment de malaise généralisé s’installait sur les gradins, quelque chose de grave se passait sous nos yeux, mais on ne voulait toujours pas penser au pire, Balha a été emporté par l’ambulance, il aura les soins nécessaires et tout ira bien, se disait-on. Plus pour se consoler que par conviction. Mais la sentence est fatalement tombée dans les infos de 20h, l’immense Hédi Berrekhissa est tombé. Le symbole de la hargne et de la rage de vaincre Sang et Or n’est plus !

L’homme de l’épopée africaine victorieuse a rendu l’âme en servant comme il l’a toujours fait les couleurs de la nation Sang et Or. La détresse des espérantistes fût sans égale, certains se sentaient presque trahis par ce départ brusque tellement Balha leur était cher. A son apogée, Balha était capable de galvaniser autant les supporters sang et or que ses coéquipiers avec sa fougue et sa capacité à se donner sans compter pour la cause rouge et jaune. La foule immense venu accompagner l’héros dans son ultime voyage à Jellaz, témoignait de la place qu’occupait Balha dans le cœur de tous les Sang et Or et tous les tunisiens.

L’Histoire nous dira que ce décès a marqué les esprits d’une autre belle manière, la mémoire de Balha a servi d’effet galvanisant pour l’ensemble de ses coéquipiers de l’équipe nationale qui affrontait quelques jours plus tard l’Egypte pour le compte des éliminatoires de la coupe du monde 1998. Ils étaient 50 milles spectateurs ce jour là à El Menzah scandant d’une seule voix le nom de l’inoubliable cœur de lion. Les joueurs sur le terrain se sont donnés cœurs et âmes pour offrir la victoire à la mémoire de Balha. D’aucuns diront plus tard que c’est la mémoire de Balha qui a propulsé l’équipe nationale durant tout son parcours dans ces éliminatoires.

15 ans après ..

Quatorze ans se sont écoulés jour pour jour. Mais la mémoire est toujours vive et l’émoi est toujours intense. Ce 04 janvier fût une des journées les plus tristes de l’histoire du club. Certainement le plus triste. Ce jour là, un cœur de lion nous a quittés. Certes, pour un monde meilleur. Mais il a laissé son Espérance de cœur orpheline d’un de ses garçons les plus sympathiques, les plus généreux, les plus costauds. Un vrai guerrier a quitté le bastion Sang et Or. Et de quelle manière. Dans un sursaut d’orgueil digne des plus grands chevaliers de ce monde. Il était, pourtant, encore jeune. Mais le bon dieu l’avait choisi à ses côtés. Et c’est de la plus belle des manières que feu Hedi Berrkhissa a rendu l’âme. Dans son jardin fétiche. Son champ de bataille.

Nous l’aurions connu discret, timide, généreux et tendre comme un brise. Mais quand il s’agissait de son Espérance, de notre Espérance, il devenait un lion indomptable. Intraitable, engagé, fair-play, solide. Un vrai Sang et Or. Il l’était jusqu’à la moelle. Et il y était pour graver son nom avec une plume d’or dans le livre des grandes légendes Espérantistes. Il eut la chance de côtoyer les héros de la grande épopée pour orner sa vitrine par le plus grand des trophées. Il gagna tout avec l’Espérance. Mais, surtout, il gagna un amour indéfectible de la masse espérantiste. Une reconnaissance éternelle qui reste, encore, gravée dans nos mémoires.

C’était un homme distinct. Très différent des autres. Et cela lui a valu le respect de tout le monde. Ses adversaires en premier. Nous l’avons pleuré de larmes vives ce jour là. Et nous le faisons à chaque instant depuis. Mais nous sommes aussi fiers d’avoir adulé une vrai légende humaine. Une icône que tout un pays a honoré lors de funérailles historiques qui font frémir plus d’un.

Pour sa mémoire, et pour la jeune génération Sang et Or qui ne l’aura pas connu amplement, nous adressons, aujourd’hui, quatorze ans après un salut spécial à un homme spécial. Balha, comme nous l’avions tant aimé appeler, est toujours dans nos cœurs et à jamais dans l’histoire d’un club de légendes. que dieu vous bénisse là où vous êtes.

 

H. Sraîeb & I. Ben Salem

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