Certains supporters se sont adressés à nous, staff de Esperance-de-Tunis.net, afin de rapporter une expérience qui ne surprend malheureusement plus personne, dans un pays ravagé par la culture de l’arnaque, de la roublardise, de l’irresponsabilité, du manque du respect citoyen et où la loi de la jungle règne.
Les faits
Lors du dernier déplacement de l’Espérance Sportive de Tunis (EST) à la Marsa, soldé par une victoire Sang et Or (0-2), quelques supporters du club de Bab Souika voulant assister au match ont dû se rabattre sur les tickets dédiés aux supporters locaux afin de prendre leur place sur les gradins du stade Chtioui. Le fameux sésame en main acquis au prix fort de 10 dinars, ils se sont vu refuser l’accès au stade suite à la présentation (ou non) de la carte d’identité nationale. Motif du refus : seuls ceux qui résident à la Marsa ou bien reconnus par un membre du comité des supporters Jaune et Vert y sont autorisés. Après multiples échanges et explications (nous y reviendrons), les responsables se sont montrés de marbre face à la situation … «consignes du haut» oblige – suivez notre regard – ! « Allez voir de l’autre côté, peut-être qu’on vous permettra d’accéder avec les supporters espérantistes.» concluaient-ils.
Face à un nouveau niet, cette fois logique et compréhensible, les tickets en main n’y donnant pas accès, ces supporters sont revenus au guichet pour se faire rembourser, rassurés du reste par la suggestion des policiers sur place, qui disaient par ailleurs la chose (un droit d’accès devrait vous permettre d’entrer) et son contraire. Mais le guichetier (il y avait un seul) n’a voulu rien entendre, prétextant avoir non seulement demandé à tous les acheteurs s’ils étaient des supporters de la Marsa avant de mener à bout toutes ses transactions (SIC !), et c’était complètement faux en ce qui concerne nos rapporteurs, mais mieux encore, qu’il serait personnellement tenu responsable financièrement des tickets remboursés (RE-SIC !). Un membre du comité d’organisation à côté s’est même proposé d’intervenir pour faire autoriser l’entrée au stade, mais il a disparu en faisant le tour sans donner signe de vie.
Notre position
Sur le fond, les supporters espérantistes en question n’ont pas droit à accéder au stade avec les supporters locaux. Il s’agit non seulement des règlements stipulés et aussi annoncés par les autorités sportives et policières, mais en plus, d’une question de sécurité publique. Rien que quelques semaines auparavant, des échauffourées ont pris place sur les travées du stade Chtioui lors de l’accueil du Club Africain (CA) par la Gnawiya.
Le but de ce billet n’est en donc aucun cas de défendre l’indéfendable, quand bien même les «victimes» sont des supporters … les «nôtres», le tribalisme n’étant pas notre credo. L’objectif par contre est de partager cette expérience avec le large public espérantiste fidèle à notre page, mais aussi de mettre en lumière le manque d’organisation et la mauvaise foi manifeste des «responsables» marsois, susceptibles de faire tache d’huile partout ailleurs dans les stades tunisiens et vis-à-vis de tous les footeux, y compris supporters de la Marsa.
1- Côté désorganisation
Si on savait que le contrôle devait se faire à même la municipalité ou ville de résidence mentionnée sur la carte d’identité nationale pour ségréguer les supporters Jaune et Vert de ceux Sang et Or, pourquoi ne l’avoir pas annoncé au préalable dans les journaux, radios, télés, etc. comme dans le cas des moins de 18 ans par ailleurs ?
Sur le choix de distinction du public local lui-même, comment peut-on certifier qu’un résident de la Marsa n’est pas espérantiste et vice-versa ? Un résident de la banlieue sud … n’aimerait-il pas l’ASM pour autant ? Et ceux de … Tataouine ? Qu’en est-il de ceux qui résident à l’étranger ? Mieux, qu’en est-il même des «footeux» qui n’aiment ni l’Espérance ni le club banlieusard et qui voudraient assister, probablement avec leurs amis, à un match à 22 joueurs ?
Poser la question, c’est bien y répondre. La démarche organisationnelle démontre bien un arbitraire qui trahit une mentalité bien révolue de manque de respect citoyen. Cela pose aussi bien la question sur les irresponsables du football tunisien actuel qui font tout pour tuer ce sport saigné à blanc depuis 2011, avec l’imposition de quotas d’assistance ridicules, voire du huis clos. La dernière finale de la Coupe de Tunisie a été une nouvelle et pas la seule démonstration grandeur nature de faire bénéficier les clubs et les supporters … voire même des commerces aux alentours des stades, des taxis et autres acteurs économiques d’une activité, une autre, où tout le monde est gagnant.
2- Côté mauvaise foi marsoise
En se référant aux faits présentés plus haut, les responsables du club banlieusard ont joué de roublardise pour déplumer certains supporters Sang et Or qui seraient attendus de pied ferme, vu la popularité du club de Bab Souika. Sachant pertinemment la nature du contrôle à l’entrée en coordination avec les forces de l’ordre et supposons qu’il n’aurait été pas possible d’aviser dans les médias des prédispositions établies (oui supposons !), la vente de billets n’ayant commencé qu’à 13h00 le jour du match, il était bien indiqué, si la bonne foi était engagée, de faire le contrôle en amont et de refuser toute vente de billet qui serait recalée à l’entrée. «Élémentaire, mon cher Watson» dirait Sherlock Holmes après investigation. La manière du refus de remboursement des billets vendus en est une preuve irréfutable quant à la préméditation de cette action, en mettant au guichet un «gamin» menteur, flanqué d’un «responsable» plus âgé et donnant bien l’exemple (RE-RE-SIC !) qui représentent assez bien les valeurs d’un club «huppé» d’aujourd’hui.
En conclusion, nous savons pertinemment que nous ramons à contre-courant et nous ne nous attendons à rien des incompétents, larrons et irresponsables de tous acabits, à l’image de ce qui se passe au pays d’ailleurs. Par contre, nous voulions tout de même faire partager cette expérience avec nos chers supporters pour qu’ils puissent se prémunir contre cette arnaque organisée et préméditée.
La rédaction d’Esperance-de-Tunis.net
